Je m'ennuie dans cette chambre d’hôtel morne, où tout ressemble à tout. C'est vide, froid, sans intérêt. Pourquoi suis-je venue à Ibiza, déjà ? Ah. Ça me revient. Ibiza, temple de la luxure. De quoi rendre un peu plus fou mon père et que je rentre chez moi, que je quitte Lima. Lima est encore pire qu'Ibiza. Et les chambres sont plus austères que celles de cet hôtel. Je fouille frénétiquement dans les tiroirs d'une commode faite d'un bois trop démodé pour que ça soit neuf. Surement acheté dans une brocante. Un meuble de seconde main.. Rien que d'y penser, j'en ai des frissons. Je trouve enfin ce que je cherche. Un maillot imprimé léopard trop petit pour moi. Tout est calculé pour que les regards se posent sur mon anatomie parfaite. Des regards de luxure ou d'envie. Tout est régi par les sept péchés capitaux dans ce monde. La luxure, l'envie, la paresse, la gourmandise, l'avarice, l'orgueil, et la colère. Ne pensez même pas vivre sans tous les essayer. J'enfile mon maillot, passe une toge blanche par dessus et glisse mes pieds dans des spartiates fraîchement acquises chez Mellow Yellow. Je me plante devant le miroir. Oh, je suis vraiment canon. Des beautés comme ça, on doit pas en voir à tous les coins de rues. Je m'assied à une coiffeuse datant du roi Louis quatorze, et sort une pochette. Vous ne revez pas. Le logo de Chanel est bien la chose que je préfère le plus dans cette trousse à maquillage. Je l'ouvre et en sort produits de beauté de chez Mac, Dior et Victoria's Secret. Tout est waterproof, mais entre nous, vous pensez vraiment que je vais à la plage pour me baigner ? Je mets la dernière touche de rouge à lèvres, finit de faire sécher mon vernis écarlate, attrape mon sac - non, ce n'est pas une contrefaçon. Un Dolce & Gabana, un vrai - et pousse la porte de la chambre trop démodée à mon gout. Je me dirige vers la plage, souriant en coin en voyant les hommes se retourner pour me mater. Je suis vraiment bonne. Arrivée à l'étendu de sable, je fais mon effet. Envie et luxure, comme je vous le disais. Je sors une serviette signée Gauthier de mon sac, l'étale par terre, retire ma robe et mes spartiates et m'allonge dessus. Je n'ai plus qu'à attendre.