Ce soir là, je ne me baignais pas dans le pur bonheur. J’étais présent dans ce bar, totalement miteux, non loin de Lima. C’était bon de partir, juste quelques instants, de Lima. Je me libérai un minimum. Je buvais, mais pas au point d’être saoul. J’appréciais le goût de l’alcool coulant dans ma gorge. Je devais sans doute être le seul à rester sobre. Des hommes, tous plus saouls les uns que les autres, régnaient dans ce fichu Bar.
Je repensai à la sublime femme avec qui j’avais vécu il y a maintenant plus de quatre ans. J’aurai pu être père, avoir une famille, avoir la vie rêvée. J’étais plongé dans mes pensées mais le bruit sonore d’une porte qui grince me sortit de ma rêverie.
Je tournai la tête et vit qu’une jeune fille, trempée jusqu’aux os, entrait dans le bar. J’entendis les hommes bourrés la siffler. Honteux. Les ignorants, je la vis s’asseoir sur un tabouret au comptoir, non loin de moi. Les hommes, totalement saouls, engageait une discussion, si nous pouvions appeler cela, purement machistes et dénigraient les femmes. Je regardai la jeune fille, elle semblait s’énerver en entendant cette futilité.
Je la vis se lever puis hausser le ton vers les hommes. Courageuse. Mais mauvais présage pour elle. Un homme tatoué du groupe s’était levé et commençait à être véritablement irrespectueux envers elle. Je vis cet homme lever la main, c’en était trop !
Je me mis devant la jeune fille, je regardais l’homme dans les yeux. L’irrespect, je détestais cela. Sincèrement. Je serrai le poing et lui décrochai une droite magistrale. L’homme tomba à terre. Trop d’alcool, tue l’Homme. Il ne put donc rien faire de plus. L’homme, tant alcoolisé, eut du mal à se relever puis il tituba vers la sortie, suivit des autres hommes, loin d’être frais. Je me retournais vers la jeune fille et lui sourit.

« Est-ce que tout va bien ? »

Je regardai la jeune femme en attendant une réponse à ma question. Elle me dit qu’elle va bien, je souris donc à la suite de cela. Dieu seul sait comme je m’éprise toute cette violence, ce machisme. La plupart des hommes n’ont pas l’intelligence de penser que les femmes sont importantes pour la gente masculine. Tant pis pour eux.
Je regardai une nouvelle fois la jeune demoiselle qui se trouvait à mes côtés. Elle n’avait pas l’air traumatisée ou autre. Elle semblait forte, courageuse et mature pour une jeune fille de son âge. J’étais impressionné. Vraiment.
Je me rassie sur mon tabouret et je vis qu’elle faisait de même. Heureusement que j ‘étais là ce soir, pensais-je. Je n’osais pas imaginer ce qu’il se serai passer si je n’étais pas intervenu. La pauvre petite aurait pu avoir de graves ennuis. Enfin petite… Elle n’étais pas si petite que ça, visiblement. J’appréciais beaucoup sa maturité.

« D’où venez-vous ? »

Question simple mais qui pouvait déboucher sur plus. Après le dernier évènement, je pensais que cette jeune fille était impressionnante. J’aurai réellement aimé que mon enfant devienne ainsi, si courageux, qui défend ses pensées et ses idées, si mature, prêt à devenir adulte. Revenant à la réalité, je jouais avec mon verre puis je lui fis un petit sourire pour ainsi lui montrer que j’étais un homme gentil. Ce bar n’était peut-être pas si miteux que cela tout compte fait.

Après lui avoir montré mon agréable sourire d’homme gentil, elle me répondit qu’elle venait de Lima. Je souris donc d’avantage. Le hasard fait peut-être bien les choses. Je sentis comme un lien se créer. Je ne pense pas du tout au lien de l’amour, non ! Comme un ange gardien… ou de ce style.
Je savais au fond de moi, qu’il fallait que je veille sur elle, que je fasse attention. Après les derniers évènements, je me doutais que ce ne serai certainement pas la dernière fois qu’elle tiendrai tête à une quelconque personne. Et je pense que si je la laissai vagabonder seule, en répliquant à tord et à travers, je m’en voudrai s’il lui arrivait un incident.
J’entendis l’air et l’atmosphère se fendre en deux, puis la pluie se multiplier par quatre. Quel affreux temps. Ceci lui permet de sortir de sa douce rêverie pour laisser place à un nouveau sourire et un regard vers la jeune femme. Je lui avouais donc que je venais de Lima également et que c’était une drôle de coïncidence. Elle me sourit brièvement. Un sourire de petite fille.
Après quelques regards simultanés, elle m’annonça quelle s’appelait Nora. Joli prénom, pensais-je. C’est avec un grand sourire de grand frère, si je puis dire, que je tendis la main vers elle.

« Moi c’est Ezra, celui qui t’empêche de te faire frapper par des abrutis ! »

Elle me serra la main en rigolant. Oui, je l’avais tutoyée mais ce ne fut guère un manque de respect. Je pensais que c’était tout simplement normal. Après tout, elle semble juste un peu plus jeune. Je ne suis pas vieux et sénile pour qu’on me vouvoie. Je souris encore (et toujours) à cette idée.
Puis, je pensais : Mais bon Dieu, comment se faisait-il qu’une jeune fille de la sorte soit seule, loin de Lima et dans ce bar alors qu’il pleuvait des cordes ?! Oui, je devais me charger d’elle, de l’aider ou même de la soutenir. C’était décidé.
J’inclinais donc légèrement la tête sur le côté et lui demandais :

« Dis moi, que fais-tu loin de Lima, seule, à cette heure ci, dans ce vieux bar ? »