"Un Cappucino et un Muffin tout chocolat s'il vous plait" dis-je à la serveuse du Starbucks

Je m'installais près des vitres comme à mon habitude, comme pour contempler le monde, ou plutôt comme pour me sentir différent, là, derrière la vitre du Starbucks. Depuis que j'étais revenu à Lima tout avait été très vite, Emily, puis notre voyage à New-York, puis ma pseudo demande en fiançailles, puis les cours, puis la place de coach. Il n'y avait aucun doute, la vie me souriait à Lima, j'avais l'impression d'être réellement quelqu'un. J'aimais être salué dans la rue par la moitié de la ville. "Hey Coach Logroove" ou "Hey le petit Jeremiah", tout cela me faisait me sentir différent, et ça n'arrivait jamais à New-York, de se sentir différent. J'avais toujours l'impression de me fondre dans cette masse dont je ne voulais pas faire parti. Ici, à Lima, tout le monde est différent, enfin, non il y a toujours ces ados qui s'habillent tous exactement pareil, ou ceux qui parlent exactement pareil, mais là, c'est différent, à Lima, chacun de nous se différencie par son histoire. Nous sommes tous heureux d'être à Lima pour des raisons parfois similaires mais parfois totalement différentes. Et côtoyer la différence tous les jours ça nous change, ça nous aide, ça nous apprend des tas de choses même après 20 ans. C'est ça Lima, c'est la culture de la différence comme force et non comme objet de discrimination. Lima m'a appris des tas de choses, elle m'a appris à ne plus porter de jugement mais à comprendre, elle m'a appris à ne plus entendre mais à écouter. Je ne dis évidemment pas qu'appliquer cela est simple, bien au contraire, mais le comprendre est déjà une bonne chose. Je prends une première bouchée de mon muffin et avale une chaude gorgée de mon café et je reste là, à sourire comme un imbécile sur la banquette du Starbucks.

Je continuais de sourire en humant l'odeur du café qui se dégageait dans le Starbucks. Toujours assis, je me disais que finalement, flâner au Starbucks était une chose vraiment cool. J'approchais ma bouche de ma tasse de cappucino quand j'entendais un bruit de pas assez hasardeux se rapprocher de moi, puis j'entendis un "Salut, je peux m'asseoir?". Premièrement, je me demandais bien qui pouvait avoir le culot d'interrompre le moment que j'étais en train de passer, et deuxièmement, je me demandais si je ne connaissais déjà pas cette voix. Je tournais la tête vers la personne qui c'était approché et je pus constater avec une certaine surprise que cette jeune fille qui se tenait là devant moi n'était personne d'autre qu'Evannah Logroove, ma soeur elle-même. Je commençais à me dire que finalement je ne me sortirai jamais des problèmes, enfin quoi que ma soeur n'était pas un problème, oui, à vrai dire, c'était bien plus que ça. Je la regardais avec un air nonchalant et lui dis : "Je t'en prie assis toi, j'allais partir. Cette animosité entre ma soeur et moi n'avais jamais été présente durant notre enfance, nous étions même extrêmement proche étant plus jeune. Cependant, certaines personnes peuvent vous décevoir et perdre totalement toute leur crédibilité à vos yeux, c'est le cas de ma soeur pour moi. Je n'avais malheureusement pas le temps de me remémorer cette histoire, j'avais recommencé ma vie, et honnêtement elle avait recommencé sans Evannah et peut-être que c'était mieux comme ça. Je n'avais plus le temps de jouer au grand frère responsable, alors certes ce lien me manquait, puisque Evannah était quand même ma soeur, et qu'elle et moi partagions le même sang mais c'était comme ça, je n'étais peut-être pas prêt à la laisser entrer dans ma vie. Evannah et moi, nous avions une relation fraternelle tellement puissante que je ne la voyait jamais finir. Puis le jour de l'irréparable est arrivé, c'est à ce moment précis que tout a été différent. Mais après tout, Evannah est un être humain, et comme tous les Hommes, elle a le droit à l'erreur, et peut-être même au pardon. Mais évidemment cela ne sera absolument pas simple. Tout le monde sait que la rancoeur des Logroove est tenace et je n'échappe pas à la règle. Je plongeais mon regard dans celui d'Evannah, et je lui annonçais sur un ton ironique : "Finalement je vais rester, j'ai hâte d'entendre ce que tu as à me dire.". J'attendais donc qu'elle commence à parler, je ne voulais pas d'excuse, je ne voulais pas de pleurs, je voulais qu'elle se comporte en adulte responsable, et peut-être que si cela arrivait, j'envisagerai le pardon.

Elle grimaçait, j'avais du toucher un point sensible avec ma nonchalance. Elle fut heureuse que je reviennes sur ma décision et que j'attende ses explications. Elle finit donc par savoir en face de moi et commença par me parler de ma gourmandise. Alors, soit elle était absolument folle ou alors elle avait un réel déficient mental. Ca faisait longtemps que nous ne nous étions pas adressé la parole, et ses premiers mots fur pour la nourriture dont j'étais en train de me délecter. Elle enchaîna directement sur le fait qu'elle m'avait ramené une boite de gateaux que maman et elle avait fait. Je levais un sourcil et la regardais avec un air plutôt dédaigneux : "Désolé, mais j'ai peur qu'il me laisse un goût amer, du genre de celui que tu m'as laissé" Je souriais après ma phrase, j'étais plutôt fier de mon répondant. Si Evannah voulait obtenir mon pardon, elle allait devoir essuyer mes réponses cinglantes plus d'une fois. Et honnêtement cela m'éclatait à l'intérieur, c'était presque amusant de lui répondre avec assurance et sans absolument aucune diplomatie. Elle continuait de me parler, en enchaînant avec le bonjour que mes parents me passaient, franchement, j'en avais strictement rien à secouer, mes parents ne pouvaient-ils pas se déplacer eux-mêmes? Ah non j'oubliais, ils devaient surement être trop occupés. Elle m'expliqua ensuite qu'elle avait tout expliqué aux parents et que tout allait mieux pour elle, et elle finit par citer une "psy". Une psy? Oui je n'avais pas rêvé elle avait réellement parlé d'une psy, pour moi, les psy n'était consultés qu'en cas de réel problème, et là, ma soeur n'avait pas de vrai problème, elle était juste très idiote. Je la regardais avec un sourire moquer avant d'ouvrir la bouche : "Tu aurais mieux fait de rester chez la psy, à la place de venir à Lima, crois-moi. Oups, je venais d'être méchant gratuitement, je venais de lui envoyer encore un pique, surement celui de trop, je ne devrai pas réagir comme ça, après tout elle était venu jusqu'à moi et ça, c'était à saluer. J'ouvrais donc à nouveau la bouche, et pour une bonne raison cette fois : "Excuses-moi, je ne voulais pas paraitre si mesquin et désagréable. Mais tu sais comment je suis, je ne sais jamais m'arrêter. C'est cool que tu sois venu jusque ici, ça montre que tu voulais réellement te faire pardonner et honnêtement j'apprécie.". Ma soeur et moi avions surement perdu trop de temps à nous disputer pour des futilités, d'accord, elle avait trahi ma confiance, elle ne m'avait pas écouté. Mais après tout, je me tue à répété que les règles ne sont pas faites pour être appliqué alors je serai un crétin de lui jeter la pierre. Cependant, elle n'avait quand même eu aucun scrupule pour trahir MA confiance, celle de son frère, de sa moitié, celle de celui qui l'avait toujours protégé. Et à vrai dire, je crois que c'était ça qui me dérangeait le plus. Je la regardais droit dans les yeux avant de me lancer : "Je te l'ai jamais dit, mais ruiner la confiance que j'avais en toi était quelque chose de douloureux pour moi, je ne sais pas si tu en es consciente.". Je baissais la tête, comme pour attendre une réponse, comme pour qu'elle réagisse au mal qu'elle avait pu me faire.