Lima, 13H30.

Avery. Avery, je n’ai que son nom en tête, je n’ai que son visage dans mes souvenirs, je n’ai que sa présence pour me réconforter, je n’ai que lui dans mon cœur et ça, depuis deux ans. Deux ans de soleil et de soutien, parce que dans notre couple, il y a eu un mauvais départ et j’avoue que je suis la plus belle des idiotes, mais finalement, on s’aime à 100% mais puissance six cents ! En ce samedi, Avery et moi devions nous retrouver à la patinoire pour 13H45. Il paraît donc logique qu’à 13h30 je sois là, en train de marcher sur le trottoir comme tout être civilisé, ipod en main et portable en poche. Une petite sacoche pour quelques bricoles comme l’argent, les clés, les bonbons dans le fond du sac et quelques trucs du même genre. Je ne suis pas de ces filles qui prennent leur maquillage et autre artifices, non, loin de là, je préfère vivre simplement et je crois que la vie m’a un peu poussé à être ainsi. Dans la rue les gens riaient, les enfants s’amusaient à courir partout et les oiseaux comblaient les quelques vides que dieu m’eut offert . Non je ne suis pas croyante, juste un peu poétique. La vie, il faut la prendre avec beaucoup de légèreté et de philosophie. Si compliquée, têtue, émouvante, drôle et courte à la fois. Méditer est un état d’esprit qui croise parfois la philosophie. J’ai d’ailleurs tendance à m’y mêler les pinceaux et je vous prie de m’excuser si je vais parfois chercher loin les mots qui créditeront au mieux mon état d’esprit. A l’hôpital d’ailleurs, je réfléchissais souvent parce que c’était tout ce que j’avais à faire dans mon lit. J’ai eu le sentiment qu’on m’avait enfermée vous savez, comme un lion en cage ! La fenêtre, le lit, la table pour dîner, la fenêtre, le lit… Voilà ce que j’ai vécu ! Si je pouvais donner un synonyme à cet endroit morbide c’est l’enfer. L’enfer avec ses démons (les médecins), l’enfer avec la dépression qui suit. Au fond de moi, je ne voulais plus me battre mais vous voyez cette photo là, oui celle-là ! Et bien c’est celle qui a réanimé mon cœur et mon âme ! Ouais, et ce gars là qui est Avery Junior Crosby, et bien il allait bientôt me rejoindre ici, à la patinoire pour une superbe et heureuse journée, ouais. Si l’amour rend fou, je suis la première folle et si l’amour rend aveugle, alors je veux bien être aveugle et passer outre les défauts de mon homme.

Lima, 13H36.
“just a small town girl, liv’in a lonely world” Elle tournait en boucles depuis cinq bonnes minutes maintenant quand je me suis mise à sourire bêtement. Oui, cette chanson me rappelait beaucoup de souvenir et je la trouve tellement magnifique aussi. En fait, elle me fait rêver oui, comme le dit par ailleurs les paroles. Enfin quand je me suis rendue compte que tout le monde me regardait parce que je m’étais mise à refaire la chorégraphie et à chanter dessus, ben je me suis mise à partir en moins de deux ! La honte ! Bon, j’étais pas nulle en danse mais pour le chant ça…J’en sais rien. Enfin forte ou nulle en chant, je venais de m’attraper la honte alors je me suis installée sur un banc en attendant que mon bien-aimé ne débarque à son tour. J’avais tellement hâte de le revoir. Son visage je le connais oui, mais à chaque fois que je revois je me retrouve éblouie face à lui. Tenez bah d’ailleurs, je voilà. Si si, c’est lui là. Le gars avec les cheveux bouclés et…

Ses lèvres vinrent toucher les miennes en guise de bonjour. Autrefois, je l’aurais repoussé et je lui aurais dit : « pas en public » mais aujourd’hui non, je le laissé faire et c’est avec un grand sourire que je l’accueillais. Je remis une mèche de cheveux à l’arrière de mon oreille afin que celle-ci n’aille plus chatouiller mes lèvres et fixais Avery avec admiration et passion. Cela devenait presque le quotidien qu’on se rejoigne à un endroit dans la semaine pour partager un moment de tranquillité à nous deux, rien que nous deux. Oh bien sur, impossible que l’on ne croise pas des connaissances mais en général ils s’en vont assez vite préférant nous laisser seuls, entre amoureux. D’ailleurs, puisque nous parlons d’amour, ceci est bien ma première histoire. En effet, je n’ai jamais réussi à me mettre avec quelqu’un auparavant. Depuis la mort de mon père adoptif, je crois que j’avais perdu toute confiance aux hommes, jeunes ou vieux. Enfin, Avery a réussi à venir à bout de mes crises, il a même réussi à conquérir mon ignoble et têtu cœur ! Oui, ignoble parce que pendant longtemps j’insultais Avery de minable, de moche, de bête et j’en passe ! Mais ça, c’est à cause de cette fille : Carter E. Martin. Cette fille me ressemble beaucoup, enfin c’est ce qu’on dit, mais elle m’avait prise pour une idiote et ça, je n’ai pas supporté. D’ailleurs, Avery non plus n’a pas supporté mais puisque ces deux-là ne s’entendent pas mais alors vraiment pas, il ne vaut mieux pas qu’Avery sache qui elle est vraiment. Moi je le sais, j’ai promis de me taire, donc je me tais. Enfin je dis ça moi, je dis rien. Trois mots parvinrent à mon oreille et firent comme un écho jusqu’à atteindre alors mon cœur et le faire battre comme une mitraillette. Le mot « amour » n’est jamais mieux dit que quand c’est votre copain qui vous le dit. Ce qui fut le cas pour moi il y a quelques instants. Avouez, ce genre de mots, même en étant contre la romance, on est obligé de voir son cœur s’emballer et partir à mille à l’heure. Enfin pour reprendre, je n’ai pas eu le temps de répondre quoi que ce soit que déjà, ses lèvres étaient sur les miennes et j’aurais cru en cet instant, que l’éternité passée et j’aurais aimé oui, que cet instant s’arrête à tout jamais sur cette image. Enfin, il vint me poser la question qui tue :

Avery J. Crosby - Comment ça va?

Cette question, tout le monde l’entends minimum une fois par jour si ce n’est pas plus. Insuportable question, d’autant plus quand la vie pose bien des soucis. Pour ma part, oui j’allais bien. J’allais passé une superbe journée avec celui que j’aime le plus, j’allais surement prendre trois kilos en mangeant une glace avec lui et je ne rentrerais pas chez moi avant plusieurs heures mais, ma mère adoptive elle, elle me faisait de la peine. Le chagrin prenait de plus en plus le dessus sur elle, elle ne travaille même plus depuis deux semaines, mange à longueur de journée et déprime devant les feux de l’amour. Rien ne s’arrange avec le temps pour cette femme qui pour moi, n’est plus du tout la même. Avant, je la considérais comme une mère, comme ma mère. Maintenant c’est un peu différent. A dire vrai, c’est tout juste si le soir en rentrant des cours je fais tout. Je suis constamment derrière elle mais un jour… Ce jour-là, je ne préfère même pas y penser car, je sais déjà comment cela va se finir et je n’ai pas envie d’y penser aujourd’hui. Non. Alors, je préfère profiter du moment avec Avery et repenser à ma mère un peu plus tard.

Rossae – Oh moi ça va bien, très bien même. Enfin ma mère c’est une autre histoire tu sais. Mais je n’ai pas envie de penser à ça maintenant. Et toi alors, ça va ?

Un sentiment étrange vint alors m’envahir. Un bonheur inégalable que seul Avery m’avait causé, un profond bonheur celui de ne plus être seule, de me battra avec ma force mais également la sienne et comme le dit un vieux proverbe dont j’ai oublié les mots, à deux la vie est plus facile. On affronte plus facilement les problèmes et quand on est heureux, on l’est deux fois plus. « Dès que je suis avec tout va bien! » à ces mots, je souriais laissant montrer ma satisfaction du moment seulement quand j’y repense, ça n’a pas été aussi simple pour Avery de m’apprivoiser. Quant à cette chaleur qui apparaissait parce qu’il me tenait la main, ça me réchauffait le cœur et le remplissait d’un oxygène pur et inconnu. Ce sentiment d’être aimé, je l’ai ressenti qu’avec deux personne : Mon papa adoptif qui nous a quitté il y a déjà pas mal de temps et Avery. Ma mère adoptif c’est une autre histoire et c’est plus compliqué…Depuis toutes les embûches qu’elle a vécue, elle est comme « morte ». Elle ne vit plus et pour moi, quand je rentre le soir, qu’elle est devant la télévision à regarder des émissions stupides, bières, chips, café, gâteaux et toute la réserve sur la table, ça me rend malade ! Cette femme est totalement détruite ! Quand Avery pose alors ma main sur son cœur, j’ai comme senti une puissance, une force invisible qui me réchauffa d’avantage le cœur. Je me suis alors mise à rougir et je l’ai senti parce que j’avais chaud. J’avais chaud au visage, au cœur, aux mains, au cou… Comme si je devenais un chauffage tout d’un coup. Puis sans raison ni pensée, Je ne sais pas ce qu’il m’ait passé par la tête, j’ai fixé Avery, droit dans les yeux, et comme s’il m’avait appelé, je me suis mise à l’embrasser. Oubliant la foule qu’il y avait, oubliant le paysage, oubliant tout, absolument tout. Je ne sais pas comment est-ce qu’il va réagir, c’est vrai quoi, ce n’est pas dans mes habitudes d’embrasser mon homme et encore moins en publique ! Folie quand tu nous guettes... !

Tiens d’ailleurs, cette scène fait renaître bien des souvenirs en ma mémoire ! Oui, c’est le tout premier jour où Avery et moi étions officiellement ensemble. Le jour-là, j’avais un jogging sur moi et les cheveux attachés. Pourtant, ça n’a pas empêché Avery de me prendre par la main et de m’emmener faire un tour au centre-ville. On a traîné, oh ça oui, on a traîné jusque 19h. On a été dans un parc, il était allongé au sol, j’avais ma tête sur lui et on n’a pas dit un mot de toute l’après-midi. Un moment calme et fort agréable que je garderai en mémoire aussi longtemps que celle-là soit en ma possession, juste avant que la folie ou Alzheimer ou la mort ne l’emporte avec le décès de mon bonheur.
Enfin bref, pour en revenir à maintenant, me voilà là, à embrasser Avery. Qu’importe ce qu’on dira de moi, de lui, de nous, parce qu’au fond il n’y a que notre avis qui est important. Il n’y a que nous deux pour juger si on peut s’aimer, si on peut s’embrasser… Laissons donc toutes ces langues de vipères là où elles sont, parce que tout ce qu’elles savent c’est critiqué par jalousie ou par troubles neurologiques.

Le baiser fut long pour une fois. Mais comme toute bonne chose, celui-ci vint de mettre fin. C’est alors que mes yeux plongèrent dans ceux d’Avery, pendant qu’Avery s’amusait –si je puis dire ainsi- à remettre mes quelques mèches de cheveux en arrière. «Je suis tellement chanceux d'avoir une personne aussi parfaite que toi à mes cotés! ». Chanceux de m’avoir moi, cette fille, simple fille parmi des milliers d’autres, ce n’était pas de la chance à mes yeux. Enfin, pour moi ça l’était de l’avoir lui alors je pourrais comprendre dans un certains sens que oui, nous avions mutuellement de la chance de nous avoir l’un pour l’autre, je suppose. De plus que je ne suis pas, mais alors pas du tout parfaite. Tenez regarder, ce matin encore, j’ai fais tombé mon téléphone portable sur la route ! D’abord j’ai dis « et shit.. » puis je me suis sentie bête, et enfin, je me suis rappelé que le portable n’en été pas à sa première chute libre et ça me faisait peur. Oui peur, quand on sait qu’Avery et moi partageons une histoire qui peut elle aussi finir en chute libre ! Enfin, cessons de parler de malheurs et revenons-en à la perfection. Je ne suis pas parfaite. Mon IMC n’est pas parfaitement sur la moyenne, j’ai toujours des cheveux qui se promènent, j’ai toujours des coups de blues, des coups de folies, des coups de n’importe quoi. Alors à moins que d’être quelqu’un de simple, maladroite et qui vit de tout et de rien à la fois c’est être parfait, alors oui, je rectifie, je m’avoue parfaite.

- N’exagères pas, je ne suis pas parfaite. Commençais-je en rigolant alors.

« Bon princesse, tu veux aller patiner ? » Ah oui, c’est vrai ! Avec tout ça moi, j’avais déjà oublié qu’Avery et moi-même allions patiner cette après-midi. Enfin, il m’a si bien fait perdre l’esprit que je ne saurais tenir en équilibre sur des patins ! Et puis, en y réfléchissant bien, le voyant en face de moi, je n’avais plus vraiment envie d’aller patiner non non. En fait, je voulais juste qu’on s’asseoit quelque part, qu’on discute de tout et de rien, enfin plus de tout que de rien parce qu’une discussion de rien n’aboutirais à rien justement.

- Oh en fait, j’ai une meilleure idée. Ca te dérange pas si on va d’abord manger un morceau ? Je … Enfin on doit vraiment, vraiment, vraiment se parler je pense. Enfin tu sais où je veux en venir… continuais-je tout en souriant et en esquivant le regard d’Avery. La peur venait une fois de plus cohabiter avec mon esprit.

Les bouclettes en vrac, les yeux éblouis, le regard amoureux… Avery insista sur «Tu es parfaite pour moi ♥ ». Je n’ai rien répondu cette fois car, il ne m’en a pas laissé le temps et puis j’écoutais sans écouter. J’étais bien trop attiré par ses yeux pour rétorquer à chaque compliment qu’il me faisait. Il attrapa mon visage, me fixa et m’embrassa, une fois encore. Pour vous, vous devez sûrement être lacé de voir combien de fois Avery et moi-même échangeons des petits bisous par-ci par-là. Pour moi et mon homme, c’est devenu tellement habituel qu’on ne s’en rend pas forcément compte et j’avoue que même moi qui autrefois était gênée, je m’y suis faite et j’y ai même pris un malin plaisir. Enfin bref, après un furtif baiser, il m’attrapa par la main et nous partions vers un de ces petites restaurations. On avait une vue sur la piste de patinage, on était beaucoup dans ce petit espace mais tout allait bien puisque tout le monde parlait, mangeait, buvait et rigolait. Aussi, je dois dire que si on était ici et pas ailleurs, c’est parce qu’il n’y avait personne ainsi, on pourrait parler assez sérieusement de notre projet sans être démasqués par les camarades de classe. Notre projet, parlons-en tiens de notre projet ! Avery et moi, ça fait deux ans je crois maintenant que nous sommes ensemble et cela fait plusieurs mois que mon cher et tendre se joue un malin plaisir à me pousser à bout pour obtenir de moi son rêve : un enfant. Avery est peut-être magicien je ne sais pas, mais déjà, il a mis du temps avant de me conquérir et il y est arrivé. Puis maintenant, il a réussi, j’ai accepté. Oui, je lui ai dis que je voulais bien sous certaines conditions bien sur et c’est donc de cela que nous devions parler aujourd’hui. «Tu veux prendre quoi? », me questionna t-il. Qu’est-ce que j’allais prendre tiens, bonne question… Les trucs aux sauces bizarres on va éviter c’est pas très bon. Les sandwichs et autres j’en veux pas… Oh et puis, tout le monde traîne une glace sur la table alors je vais en faire de même !

- Je sais pas pour toi, mais moi, je me laisserais bien tentée par une glace !

Bon dit comme ça, vous devez vous dire « ok, mais elle donne même pas le parfum la méchante ! ». En fait non, c’est juste qu’Avery connaît mes goûts ! J’adore la vanille, la fraise, le chocolat… Mais en contrepartie il sait très bien que la noix de cocos et moi ça fait deux alors bon…Enfin bref, je me tenais sage en face du garçon le plus craquant du monde et lui souriait pendant qu’à la table d’à côté ils se mettaient à rigoler comme des fous. Chaleureuse ambiance ! Très chaleureuse !

Comme un bel amant, Avery pris commande auprès du serveur venu alors pour nous servir. « Eum, un glace trois boules vanille, fraise & chocolat et une autre au chocolat! ». La vanille, c’est une épice qui te prend le palais, te ressors par le nez et plonge dans ta gorge ! La fraise, c’est un fruit qui fait l’effet d’une bombe quant au chocolat, c’est juste l’anti-stresse par excellence ! Alors les trois réunis, plus mon homme face à moi qui me tient la miens, c’est juste l’extasie ! Un bonheur éphémère qui m’envahie soudain. Le serveur repart alors sûrement pour nous apporter notre petit délice tant dis que mon « prince charmant » me regarda à nouveau en me lançant : « Bon, maintenant on est tranquille pour parler! ». Evidement qu’on était tranquille pour parler mais hélas, j’ai du mal à commencer cette complexe et infernale conversation ! Celle qui va nous mener moi et Avery a changé de vie du tout au tout ! Est-ce que j’ai dis « oui » sans réfléchir ? Non, loin de là ! J’ai mis bien du temps avant d’accepter enfin l’idée là ! Est-ce que je me rendais compte des difficultés à affronter ? Oui, sans doutes ! J’envisage d’habiter avec Avery, de quitter l’école et même de prendre un job s’il le faut. Est-ce qu’Avery s’en rendait compte ? J’en sais rien. C’était donc de ça dont il était question. Allez-y vous, pour trouver le début de cette conversation très complexe !

Bon aller ! Ca suffit Rossae ! Arrêtes tes conneries, récupères ton esprit ! Tu vas devenir maman si ça se trouve et te voilà à angoisser pour des conneries pas possibles ! Non de non, respires ! Ouvres la bouche et… Et aucun son ne sort de ma bouche ! Trop dur de lui parler ! Alors pour compenser, je le fixe ! Oh oui, je le fixe dans les yeux, je commence à partir dans mes pensées, et j’en oublie même le reste de la population activement présente ! Y compris celle du serveur qui nous avait déjà apporté les glaces ! Me voilà partie dans une autre galaxie, totalement ailleurs. J’ignorais bientôt Avery et ceci pourrait le vexer d’ailleurs, mais enfin, je revins à moi. Puis je me suis décidée à enfin ouvrir la bouche ! Oui, j’avais attrapé ma cuillère, l’avais apporté à ma coupelle et la ramène à ma bouche. Je commence alors à savourer cette glace avant de m’adresser à Avery.

- Cette glace est juste terrible ! disais-je alors !

Enfin après avoir attaqué deux ou trois cuillères de cette perle glacée, je m’adresse alors d’un ton moins ironique et beaucoup plus sérieusement à Avery, concernant son envie de fonder une famille, de tout ça quoi !

- Avery, tu sais, je pensé vraiment aller patiner avec toi cette aprem mais, je voulais parler avec toi. Tu sais, j’ai vraiment envie de fonder une famille avec toi mais…Comment dire…Enfin…

« Tu ne veux plus c'est ça? ». Que je suis bête ! Bête, bête, bête mais super bête et maladroite quoi ! Pauvre Avery il a l’air tellement déçu maintenant ! Pas étonnant en même temps, je lui dis que je veux puis le jour d’après je lui dis –enfin c’est ce qu’il a cru comprendre- que je ne voulais plus. L’envie de me lever de ma chaise, de lui sauter dessus de lui faire un énorme câlin, de l’embrasser, de le rassurer et de lui dire que si si, je veux m’a pris le cours d’un instant !! Mais étant donné la situation, le fait que nous étions en publique et que je ne pourrais pas m’exprimer librement, et bien j’ai préféré la jouer fine. Alors j’ai penché la tête et d’un air « fâché » si on peut dire ça ainsi, je lui dis : « non ! Non, pas du tout Avery ! Comment tu peux dire ça ? Je veux toujours avoir un enfant avec toi ! Je ne voudrais pas te briser le cœur enfin ! Non non, ce que je veux dire c’est que j’ai peur tu sais ? Bon certes, je vais prendre dix kilos, je vais devoir arrêter les cours avant la fin de l’année si cela se trouve, il faudra que je reste mes fesses à la maison mais ce n’est qu’un détail incomparable au… » Là je fis une pause. Je m’étais embarquée dans un tel discours que j’y ai moi-même perdu les mots !

- Enfin bref. Non je voulais juste qu’on parle de ce qu’on va faire justement. Enfin tu sais, je veux dire que… Désolée mon chéri, je suis stressée, j’ai du mal à me faire à l’idée de… Tout ce que je veux dire c’est que j’ai quelque chose à te dire ! Je ne sais pas si je vais restée ici jusqu’à la fin de l’année, à Kennedy. Déjà parce qu’il y a de la préparation dans tout ça et puis, j’ai envie de changer. D’aller dans une école l’an prochain spécialisée dans le théâtre peut-être. Et puis j’ai envie qu’on habite ensemble, qu’on puisse enfin former une… famille ? . Ce mot –famille- j’ai du mal à me l’entendre dire, à le prononcer et même à me l’imaginer. Moi, dans moins d’un an, un landau dans les pattes, un bébé dans les pattes, Avery à mes côtés, plus de cours, plus de devoirs… Juste des couches, des biberons… Flippant et excitant à la fois, flippant et encore flippant. Si ma mère adoptive était au courant à l’heure d’aujourd’hui, je pense que ceci l’achèvera ! Ou peut-être qu’au contraire, ça lui redonnerait du boom au cœur je ne sais pas. Enfin, je dois avouer que même si je ne le montre pas à Avery, je doute beaucoup ! Je ne sais pas si c’est « l’homme de ma vie », si on va s’en sortir et si on sera de bons parents. Certes je l’aime, il m’aime, on s’aime à la folie ! Mais qui sait de quoi demain est fait ? C’est réellement la première fois depuis que je lui ai laissé ce mot dans la boîte aux lettres qu’on en parle enfin, et je pense que c’est le bon moment pour en parler.

Le mot en question :

Cher Avery,

Je sais pas si en te le disant en face tu me prendras au sérieux alors je préfère te l’écrire. Ce matin, j’ai pris une décision, celle de t’écrire ce petit mot pour te dire que je me suis décidée. Peut-être que ces deux derniers jours avec toi m’ont poussée à te dire ça mais, oui, ça y est, j’accepte, je veux ! Je veux avoir un enfant avec toi si tel est ton souhait et si cela pourra rendre notre amour encore plus beau alors oui, je veux.

Bisous à toi mon homme, ne tombes pas dans les pommes maintenant,
Rossae.

« Je ne veux pas que cette grossesse t'empêche de vivre des choses que tu veux... Et puis je pense que vivre ensemble serait une bonne idée! Il faudrait trouver une date pour aller voir une agence, puis une autre, ou d'autre, pour nous trouvez un chez sois qui nous convienne à tout les deux! » D’un coup, je me suis sentis mal. Etrangement, je voyais Avery partir dans ses délirs et voir un peu loin ! Puis en fait, en essayant d’imaginer Avery à l’hôpital, moi en train d’accoucher, ma mère adoptive qui attendrait avec lui, le frère d’Avery et sa petiote… Quelle drôle de scène ! D’ailleurs à ses pensées, je n’ai pas pu m’empêcher de rigoler comme une malade dans tout le restaurant ! Tout le monde m’a entendu, parce que oui j’ai un rire super fort c’est vrai ! Enfin quand j’ai récupéré mon esprit je fis « désolée, je pensais à un truc. » avant de me calmer. J’ai ensuite poser ma coupelle de glace ou il restait au moins la moitié et je reposa alors mes yeux sur Avery. Soudainement plus sérieuse mais toujours souriante, je repris le fil de notre conversation.

- Tu sais, je n’aime vraiment pas le mot « grossesse » ! Je le déteste même ! On dirait que je vais ressembler à un mamouth ! Non mais franchement, tu me vois là, debout avec 100 kilos de plus ? Commençais-je sur le ton de l’ironie. Mon chéri, je suis vraiment super contente de te voir comme ça ! Tu as l’air si heureux.

En disant ça, je dois vous paraître moins « heureuse » qu’Avery mais ce n’est pas du tout le cas ! Non vous savez, même si j’ai la certitude qu’Avery est un garçon extraordinaire, qu’il fera un super papa poule, qui s’occupera de son enfant à longueur de journée, et bien moi, j’ai la trouille ! Est-ce que vous savez vous, ce que c’est d’accoucher ? Non ? Et ben moi non plus figurez-vous ! Et à ce qu’on dit, cela fait énormément souffrir celle qui est au pouvoir autrement dit : la future maman. En tant que futur maman, j’ai la trouille, je ne sais pas du tout comment ça va se passer ni même comment ça va se finir ! Et enfin, y a un truc auquel je n’ai pas dis un mot à mon amour… C’est le fait qu’on puisse être non aptes à avoir des enfants ensemble ! Je veux dire, il se peut que nous ne soyons pas compatibles… Que l’un de nous deux soit stérile... Peut-être… En tous cas, je ne l’espère pas car maintenant, Avery compte beaucoup sur ça et de le voir heureux moi, ça me fait un grand boom au cœur ! En fait, c’est presque comme si je renaissais moi-même ! Après, je lui ais dis oui, je ne peux plus et ne veux pas reculer face à ça ! Bon l’avantage, c’est que Avery va pouvoir faire des économies un certain temps. Ben oui quoi ?! Me regardez pas comme ça voyons ! De toutes manières, Avery ne le sait pas mais… Je lui ai piqué ses préservatifs ! Ouais, je les ai donné gratuitement à des gens dans la rue, des gens que je connaissais bien sur ! Pourquoi ? Parce que comme ça, JE ne pourrais plus retourner en arrière et JE serais obligée d’accepter le fait qu’un beau jour, je vais me lever, je vais aller à la pharmacie du coin, je vais prendre une jolie petite boiboite et en rentrant je gueulerai : « AAAAHHHHH » tout en chialant ! Ensuite, je prendrais le téléphone et la première personne que j’appellerai ce sera Jules ! Ouais, Jules c’est mon frère de cœur ! Donc ce jour-là, le jour où je serais enceinte, je l’appellerai ! Après, j’inventerais une belle connerie pour qu’Avery se dépêche de me retrouver, et là PAF ! « coucou papa ! » que je lui sortirais ! Ah non, mais je le vois trop bien venir ça…

- Excusez-moi, j’ai écouté un bout de votre conversation et je ne peux pas m’empêcher de réagir ! Vous êtes un peu trop jeunes non pour avoir un enfant ? Alors là c’est le bouquet ! Depuis quand les gens décident pour les autres s’ils sont trop gros, trop maigres ou trop jeunes ? Du grand n’importe quoi ! Alors bien sur, j’aurais eu qu’une envie c’est coller à ce mec une belle claque dans la figure parce qu’il n’a pas à se mêler de notre vie mais, étant donné que je suis plutôt timide et qu’on est dans un lieu très occupé, je crois que je vais m’abstenir de lui en coller une mais par contre, il ne va pas manquer une belle remise en place croyez-moi ! Sur un ton énervé et les sourcils froncés je lui réponds alors :

- Dites donc vous ! Vous n’êtes pas gêner, ce sont nos affaires d’accord ? En plus, si on veut avoir un enfant maintenant, on a peut-être nos raisons vous ne croyez pas ? Non mais, et puis d’abord, on fait ce qu’on veut !

Je reprenais mon calme pendant que l’homme en question me regardait d’un drôle d’air avant de me rétorquer un simple « c’est bon, je disais ça pour vous rendre service moi ». L’homme se retourna à sa table pendant qu’Avery me regardait d’un air amusé. A croire que je le faisais rire ! Je lui souris donc et lance d’un air moi-même amusé :

- Pourquoi tu me regardes comme ça ? Qu’est-ce que j’ai fais pour te faire rire ?

Peut-être que la façon dont j’avais parlé, Avery ça l’avait amusé ou alors peut-être qu’il s’est encore imaginé un truc inimaginable ! Enfin bon, zut quoi ! Je sais très bien qu’on est jeunes et peut-être même cons et insouciants, mais si Avery veut un enfant, que malgré les difficultés je suis d’accord pour en avoir un, pourquoi les gens viennent se mêler de notre vie ? Si on est heureux c’est notre problème après tout, pas le leur ! Je sais qu’il y a des choses que je ne connais pas, des choses que je devrais apprendre, mais c’est le but de la vie ! Si j’ai dis oui à mon homme, c’est parce que j’ai envie de le rendre heureux déjà, puis parce que je me sens dans la capacité d’avoir cet enfant. Bon bien sur, j’ai peur de l’accouchement, j’ai peur de la gueule qu’aura notre enfant, j’ai peur de péter les plombs quand il sera né, j’ai peur d’être maladroite… Mais je pense que notre entourage pourra nous soutenir et nous aider ! Quant au lycée, je pense vraiment que les gens vont nous malmener… Ils vont dire que c’est la honte, que ça craint, qu’on est des fous… Mais tant pis, c’est un risque à prendre après tout ! Et puis comme je le disais, je ne sais même pas si je vais rester là encore longtemps… Kennedy High School est une superbe école mais, j’ai envie de vivre d’autres expériences ! Je ne sais pas peut-être que j’irais dans une école spécialisée en arts comme la danse, le théâtre ou encore la musique, ou peut-être que je vais faire une formation pour diriger une troupe de théâtre ! Ce serait le rêve ça !
Enfin, vu que les gens même inconnus s’intéressent à notre vie, j’ai bien envie de partir de ce restaurant ! Aller où, j’en sais rien, mais j’ai vraiment envie de partir ! On ne peut même plus parler entre amoureux maintenant si c’est pas enquiquinant ça !!

- Avery mon chéri, ça te dis qu’on s’en aille ? Justement, je devais te présenter à ma mère, je suis sure qu’elle sera folle de joie de savoir la nouvelle ! En réalité, j’ignorais bien comment elle allait réagir, je crains le pire mais au moins je serais fixée et puis, la connaissant, elle va adorer Avery !

« Non c'est juste que j'ai adoré comment tu l'as rembarré! et aussi que tu es trop mignonne quand tu es énervée ! » J’arrive à me contrôler quand il s’agit de faire l’idiote mais en revanche, je ne peux pas m’empêcher de rougir quand Avery se montre fier de moi. Je rougis donc, il me prend la main, me sourit. « Je veux bien la rencontrer, mais je ne pensais pas que tu voulais dire cela à ta mère maintenant, je pensais plus que tu lui dirais quand tout sera mis en route et que cela ferra un petit temps, suffisamment grand pour se dire qu'il y a moins de chance de perdre le bébé. » Avery est un garçon adorable et très intelligent si vous voulez savoir, mais parfois, il manque de tact ! En plus du stress abondant que j’avais, il m’en rajouta d’avantage en parlant de ce gros risque qu’était la perte du bébé ! Non de non ! Je ne veux pas que cela arrive ! C’est sur qu’on est vraiment jeunes, que le risque est là, mais je ne veux pas en parler ! Mon sourire s’efface alors et mes yeux semblaient se remplir d’eau, cette même eau qu’on appelle « pleur »…

- Je ne veux plus JA-MAIS, t’entendre dire ça ! Je ne veux pas que tu penses à ça Avery, tu m’entends ? N’y penses pas une seule seconde c’est clair ?

L’atmosphère prit une toute autre allure je vous l’accorde à 300% ! En même temps, mettez-vous à ma place comment auriez-vous réagit ? Quant à ma mère, Avery avait sûrement oublié mais celle-ci ne risquait pas de vouloir me parler puisque cela faisait trois jours de suites qu’elle était enfermée dans sa chambre, sans dire un mot ! Visiblement, celle qui m’a un jour dit « il faut tout leur dire à ces mecs » avait bel et bien raison : Mot à mot il faudrait que je dise mes idées même les plus indiscrètes à Avery ! Soit, puisque tel est le présent besoin, je me calme un peu, respire tranquillement et regarde Junior avant de prononcer :

- Ma mère n’est pas là. Enfin si, elle est là mais elle est enfermée dans sa chambre et puis, je peux m’arranger pour qu’elle s’en aille chez sa pote. Tu sais que ça va faire un an qu’elle ne m’a pas dit un mot ? Je ne risque pas de te présenter à elle ! Non non, puis pour le bébé, tu as entièrement raison. Je comptais lui dire assez tard pour ne plus avoir à reculer sur ma décision.

J’avais comme l’impression d’avoir gâcher notre petit moment à tous les deux, car apparemment, Junior n’était pas vraiment prêt à la rencontrer, cette pauvre femme. Enfin bref… Qu’est-ce que je pourrais bien trouver pour poursuivre cette journée avec lui en ranimant l’ambiance joyeuse qu’on avait il y a cinq minutes encore ? Et puis, surtout : où est-ce qu’on allait finir ?...

- Bon alors, où est-ce qu’on va ?

Je ne lui en voudrais pas longtemps pour sa maladresse. Il s’est excusé, il n’y a pas mort d’homme non plus, il ne faut pas exagérer. « Eum, on peut aller chez moi? Gaylord est parti en même temps que moi de la maison avec ma nièce alors il viendra pas nous enquiquiner pour connaitre nos petites histoires! » Gaylord, c’est le frère d’Avery. Un chouette type qui d’après ce que j’ai compris, n’a pas eu la vie facile. En revanche, il a l’air d’avoir beaucoup de courage ! A 25 ans il garde son frère à la maison plus sa petite fille. D’ailleurs, je ne sais pas si au fond, c’est un peu la raison pour laquelle Avery tient tellement à avoir un enfant si vite ! Peut-être qu’il prend son frère pour un modèle j’en sais rien, allez savoir vous ! En tous cas ce qui est sur, c’est que oui, à dix huit ans, moi Rossa S. Parker suis décidée à avoir un premier enfant avec Avery. Les gens vont sans doutes nous trouver ou me trouver dingues, d’autres me trouveront courageuse mais, en y réfléchissant bien, si j’ai ce premier enfant, ça voudra dire –en quelques sortes- qu’Avery est celui avec qui je ferais ma vie. Peut-être que les neufs mois pendant lesquels je serais une grosse dinde seront révélateur j’en suis même sure et certaine, mais ce genre de choses on ne peut pas le savoir à l’avance. Est-ce qu’Avery va me supporter jusqu’au bout ? Je ne sais pas. Est-ce qu’il m’aimera plus que notre progéniture ? Je ne sais pas. Est-ce que je vais tenir le coup ? Est-ce que je vais l’aimer autant qu’au premier jour ? Est-ce que notre progéniture sera normale ? JE NE SAIS PAS ! Je ne sais pas non, en revanche, ce que je sais, c’est que si ça se passait mal, si Avery me laissait tombé, je vais très mal le prendre voir je m’en remettrais jamais ! Ce que je suis en train de le faire, c’est pour lui en premier ! C’est vrai quoi, ça fait deux ans passés qu’on est ensemble et ça doit bien faire deux ans qu’ils m’en parlent !
Ma mère adoptive n’aura rien à dire mais entre nous, cela fait quelques temps que je songe à m’en aller. Elle est devenue complètement folle ! Elle est pire que cinglée ! Souriant désormais à celui qui devra me supporter jours et nuits, je réponds alors :

- chez toi ? Ok.

Je me lève alors de ma chaise, prête à aller faire un marathon si vous voulez mon avis ! Non, plus sérieusement, je regarde Junior, je l’attends, je me blottis contre son épaule et nous voilà tous deux en route pour aller chez Avery.