J’étais assis là, sur le premier banc de l’église. Je priais et remerciais Dieu pour m’avoir permis de revenir. C’était bizarre de prier ici, l’église était vide, presque lugubre, je me demandais bien où les croyants de Lima étaient passés. Comment ne pouvaient-ils jamais venir à l’église? Ils n’éprouvaient dont aucun remords de faire tout ce qu’ils faisaient sans en référer à Dieu? Il n’y avait aucun bruit, je trouvais ça à la fois assez stressant mais aussi totalement bon. J’aimais le silence qu’il régnait à l’église, il me permettait de me retrouver seul et de faire le point Le point avec ma vie, et avec ce que je ressentais. L’église était réellement un de mes endroits préférés, par seulement pour son calme et sa sérénité, mais aussi pour l’aura qui s’y dégageait. L’église représentait des tas de choses pour moi, et pas seulement au niveau physique, mais aussi au niveau spirituel. Mes croyances m’apportaient une force dans tout ce que j’entreprenais. Je ne pensais pas que croire aurait pu m’apporter autant, mais aujourd’hui, croire m’était devenu réellement indispensable.
Je continuais de penser à voix haute mais j’entendis un bruit qui me fit m’arrêter. Une personne venait de pénétrer dans l’église. Cette personne était blonde et devait avoir a peu près mon âge, ça me perturbait qu’elle soit là, je n’avais jamais vraiment eu l’occasion de croiser quelqu’un de mon âge ici, à l’église. Je devais en savoir plus, nous étions deux dans cette église, nous ne pouvions pas nous éviter. Je me m’approchais donc de la jeune fille et commençais à lui parler.

-Salut, c’est la première fois que tu viens ici? Je souriais en lui demandant cela, je ne voulais pas qu’elle croit que je lui faisais subir un interrogatoire. Je te demande ça simplement parce que je suis rentré depuis 3 semaines et je ne t’avais encore jamais vu. Suis-je bête, j’ai oublié de me présenter, je suis Jeremiah Logroove.

C’était rare de faire des rencontres comme ça à l’église, rare mais interessant. Je restais là à attendre des renseignements sur cette demoiselle.

Dimanche. C’était le jour du seigneur. Le jour de la messe. Bien que je n’attendais jamais qu’il soit spécifiquement ce jour là pour me rendre à l’église car c’était l’endroit dans lequel je me sentais le mieux. C’était souvent – pour ne pas dire jamais – vide donc très calme. Et j’aimais me trouver dans des endroits calmes de temps en temps. Là j’étais sûre de ne pas me mettre à faire une crise vu que personne n’était là pour me pousser à bout. Oui je restais persuadée que c’était de la faute des autres si j’étais comme ça. Peut-être que je ne serai pas si insupportable si il y avait un peu plus de gens comme moi ? Vis-à-vis de mes convictions et de mes croyances, évidemment, je ne souhaiterai à personne d’avoir ma maladie. Enfin je vivais très bien avec. Il suffisait d’avoir le caractère qui allait avec. Ce que j’avais. Parce que ce n’est vraiment pas facile de vivre seule, sans amis. De vrais amis je veux dire. Mais moi j’y arrivais très bien, je trouvais mon mode de vie complètement normal. Enfin il me convenait, c’était le principal. Mais revenons à nos moutons. Je venais de pénétrer dans l‘enceinte de l’église et à ma grande surprise, elle n’était pas vide. Il était vrai que parfois, une ou deux personnes se trouvaient là. Mais c’était toujours des petits vieux, qui n’avaient plus que la prière dans leur vie. Or, la personne se trouvant là était un jeune homme. Jeune et homme, c’est ça qui me surprit le plus. Je le vis se lever et s’approcher vers moi. « Salut, c’est la première fois que tu viens ici? » Je restais d’abord assez septique vis-à-vis de ce jeune homme. « Je te demande ça simplement parce que je suis rentré depuis 3 semaines et je ne t’avais encore jamais vu. Suis-je bête, j’ai oublié de me présenter, je suis Jeremiah Logroove. » Je souriais alors. Je ne l’avais jamais vu ici non plus. Je ne l’avais jamais vu tout court étant donné que je ne trainais pas si souvent que ça en ville. « Moi c’est Aileen York ! Non, c’est loin d’être la première fois que je viens ici étant donné que c’est mon endroit préféré. On a dû se louper. »

J’étais venu à l’église dans le but de prier et voila que je me retrouvais à entamer la discussion avec une jeune demoiselle. Plus je la regardais, plus je me disais qu’elle me paraissait jeune. Mais je n’allais pas lui dire : « Hey! Alors tu as quel âge? ». Nous n’étions pas ami ni même assez proche pour que je lui demande ça sans passer pour un dragueur à la noix. Et puis passer pour un dragueur dans une église n’était certainement pas la chose la plus intelligente à faire, et quand bien même, j’avais Emily. Mais c’était un peu grâce ou à cause d’elle que j’étais là, à remercier Dieu. On était tous les deux là, deux jeunes dans une église, c’était surement trop. Je souriais en réponse à son sourire et je continuais notre passionnant début de conversation.
- « Tu as souris? Je suis passé pour un sombre idiot de ne pas me présenter c’est ça? Je souriais en pensant à l’air bête que j’avais dû avoir.
-York? Hum, un rapport avec mon cher Gabriel York? Serais-tu la petite sœur de ce bon vieux Gab’? J’étais un peu étonné, il devait y avoir une chance sur mille que je tombe sur la sœur de Gabriel mais c’était arrivé. Et ce vieux bougre avait hormis de me dire que sa sœur était plutôt mignonne, enfin, très jeune, mais mignonne.
-Je suis désolé si je t’ai dérangé alors que tu venais faire quelque chose d’important ici. Je déteste moi-même être dérangé pendant mes prières, mais voir quelqu’un d’autre d’aussi jeune ici, ça m’a poussé à venir te parler. Je souriais, j’avais envie d’éclater de rire, mais nous étions dans une église et je ne voulais pas troubler le silence. Je devais avoir l’air stupide, lui parler simplement parce qu’elle était jeune et que les jeunes se faisait rare dans les églises. Je ne parlais pas aux jeunes dans les maisons de retraite, pourtant, eux aussi étaient rares. Elle devait me prendre pour un imbécile. Mais bon, après tout, ce n’était rien..
Je la regardais à nouveau, et lui sourit.
-Oui, on a du se louper, c’est surement ça la réponse. Enfin sinon quoi d’autre? Je viens seulement lorsque j’ai du temps libre et en ce moment, il se fait rare. Mais l’important, c’est de trouver le temps de venir, même si c’est simplement pour un petit moment. Histoire d’adresser une pensée et de bruler un cierge. Je parlais de plus en plus comme un croyant, enfin, je veux dire, je ne venais à l’église justement que depuis trois semaines. Mais j’avais senti un changement entre le moi d’avant et celui que j’étais aujourd’hui. Mis à part le fait que je parle un peu plus comme un catholique évidemment.
-Je suis désolé si je parle beaucoup hein, on n’arrêtez pas de me hurler dessus à cause de ça à l’école. Tu as surement des choses beaucoup plus intéressantes à faire que de m’écouter parler? J’esquissais un sourire en coin afin d’ajouter.
-Enfin, si tu veux, on peut prier ensemble, ça ne me dérange absolument pas hein.

Je devais avouer qu'il était plutôt étrange pour moi de me retrouver à parler avec un parfait inconnu à l'église. En général je venais, je priais et je repartais. Je restais assez longtemps mais je ne parlais à personne. Associable? Totalement. « Tu as souris? Je suis passé pour un sombre idiot de ne pas me présenter c’est ça? » Je souriais à nouveau. Non pas que je me foutais de lui, loin de là. « Tu me fais rire ! Je te connais pas mais tu me fais déjà rire. » Je le regardais un instant avant d'ajouter : « C'est là que tu dois te sentir très honoré ! » Je lui lança un autre sourire. Puis il me parla de Gabriel. Évidemment York avait fait tilt. A ce moment là, il ne m'était même pas venu à l'esprit de m'interroger sur le fait qu'il connaisse mon frère. En même temps, Gabriel était assez connu dans cette ville vu que celle-ci était bondée de lycéens. « York? Hum, un rapport avec mon cher Gabriel York? Serais-tu la petite sœur de ce bon vieux Gab’? » Mais en y réfléchissant bien, Jeremiah n'avait pas l'air d'un lycéen. Ou alors un lycéen qui avait beaucoup redoublé. Je ne savais pas trop. Puis il semblait bien le connaître, mon frère, alors qu'il n'était en ville que depuis trois semaines, m'avait-il dit. « Oui, je suis bien la sœur de Gabriel.» Ce n'était pas là première fois que j'avais à dire ça. On faisait toujours le rapprochement automatiquement. Vous savez à l'école quand vous êtes petits, on vous associe directement à votre grand frère ou votre grande sœur. Oui vous savez, c'est bien chiant n'est-ce pas? Alors imaginez qu'on vous associe non pas à un ancien élève, comme la plupart du temps, mais à un professeur. C'est pas top. J'adorais mon frère mais nous étions si différents. Enfin moi je m'en tapais un peu qu'il soit prof. C'est un super prof même mais je ne devais certainement pas l'unanimité auprès de ses collègues, et ça, ça devait pas être top pour lui. « Oui, on a du se louper, c’est surement ça la réponse. Enfin sinon quoi d’autre? Je viens seulement lorsque j’ai du temps libre et en ce moment, il se fait rare. Mais l’important, c’est de trouver le temps de venir, même si c’est simplement pour un petit moment. Histoire d’adresser une pensée et de bruler un cierge. » Je trouvais ça de plus en plus étrange d'être tombée sur quelqu'un comme moi. Enfin pas exactement comme moi et heureusement pour lui mais qui, au moins, croyait un minimum. Mais c'était tellement agréable. Ça changeait. Je n'avais pas trop l'habitude. « Je suis exactement d'accord avec toi, c'est le plus important ! Au moins venir cinq petites minutes, et encore. Ce n'est pas la mère à boire. » Je fis un petit sourire. « Je suis désolé si je parle beaucoup hein, on n’arrêtez pas de me hurler dessus à cause de ça à l’école. Tu as surement des choses beaucoup plus intéressantes à faire que de m’écouter parler? » Parler beaucoup. Oui il ne faisait que ça. Mais ce n'était absolument pas agaçant. D'habitude je voulais juste que l'on me laisse tranquille. Mais là c'était assez sympathique, il fallait l'avouer. « Enfin, si tu veux, on peut prier ensemble, ça ne me dérange absolument pas hein. » Je souriais. Prier avec quelqu'un. Je n'avais jamais fais ça. Il fallait dire que les gens ne se bousculaient pas à ma porte pour aller parler à Dieu. « Pourquoi pas? »