J'étais à la maison cette après-midi. Je voulais pas aller en cours de philosophie, parce que j'aime pas et je juge que c'est pas en loupant 2 heures de cette matière que j'aurais pas mon diplôme à la fin de l'année. Et puis le sport je peux plus en faire. J'ai eu des problèmes de dos à cause de ma grossesse et depuis c'était pas totalement remis en place. Bref j'étais dans le salon et je zappais. La petite dormais dans son cosy juste à côté. Elle avait eu du mal à s'endormir mais j'étais arrivée à mes fins.

Et là ce fut le drame, quelqu'un eut la très mauvaise idée de sonner à la porte, pas frapper mais bien sonner. La petite se réveilla immédiatement et son cri couvra le son de la télé. Je me levais et éteignais le poste avant d'aller la prendre dans mes bras pour la calmer. Je me dirige ensuite vers la porte et j'ouvre de ma main libre et là...

Je n'en revient pas de qui se trouve face à moi. Pas de doute à avoir, c'est bien Kyliann. Un ancien ami que j'ai volontairement éloigné de ma vie. A vrai dire j'avais passé une épreuve horrible à ses côtés. Heureusement qu'il était là sinon je serais certainement morte mais par la suite chaque fois que je le revoyais les images de sang, des morts, les bruits, tout me revenait en tête et j'avais envie de pleurer.

J'avais la bouche grande ouverte face à lui. Je secouais la tête et sorti de mes pensées. Je me reculais pour le faire entrer :

Vicky : "Kyliann, je m'attendais vraiment pas à toi. Euh... ça va depuis le temps ? "

Je me montrais surement distante mais je dois avouer que j'étais vraiment sous le choc de le revoir. Il avait murit, ça se voyait à son visage. En même temps en un an il s'en passe des choses. La preuve, moi j'avais une petite de 3 mois et demi dans les bras.

C'était Kyliann. Bien qu'il avait l'air plus mûr il n'avais pas pour autant l'air plus épanoui. Au contraire, ses traits s'étaient quelques peu durcis. Il entra et se trouvait maintenant derrière moi. Tous mes souvenirs remontaient à la surface et ça en faisait beaucoup. J'avais envie au fond de moi que tout redevienne comme avant mais je savais que ce n'était pas possible. Je lui posais une question bateau, à savoir comment il allait, en précisant que ça faisait un moment qu'on ne s'était pas vu. C'est vrai que ça faisait environ un an qu'on s'était pas vu et qu'on avait pas eu de nouvelles l'un de l'autre. Et je peux vous garantir qu'un an c'est long. Il répondit

Kyliann : "Je me doute que tu ne t'attendais pas a me voir ... Je ne serais pas te dire si je vais bien...Mais toi ca va?"

Question assez délicate. Disons qu'avec moi un jour ça allait et le lendemain j'avais l'impression d'être au fond du trou. C'est pas facile d'être une mère célibataire et de vivre avec un sentiment de culpabilité par rapport à sa fille. Si son père est parti c'était de ma faute. J'aurais pas du le tromper pendant qu'il était pas là. Mais d'un autre côté je savais pas qu'il allait revenir, pendant plusieurs mois j'ai pas eu de nouvelles. Bref ma vie est pas top non plus.

Vicky : "Beuh écoute moi ça va pas trop mal. Je m'en sort comme je peux entre les petits boulots, le lycée et la petite."

Mon ton était froid. Non pas parce que je voulais pas le voir mais je n'y étais pas du tout préparé et c'est toujours plus simple de mettre une distance quand on ne sait pas pourquoi l'autre est là. Et puis maintenant que je suis maman j'ai le devoir de protégée ma fille. Sa vie avant la mienne. Il me fixa sans rien dire puis la regarda. En la montrant rapidement il demanda :

Kyliann : "Tu ne me présentes pas?"

Je le regardais sans sourire et répondis :

Vicky : "Je te présente ma fille, Leïa, elle a 3 mois et demi."

J'attendais de voir comment il réagira par rapport à cela. Après tout je pouvais pas rester aussi distante, il était mon ami avant. D'ailleurs s'il a arrêter de l'être à mes yeux c'est uniquement à cause de mon égoïsme, en effet il n'a jamais rien fait de mal. Je devrais peut être me montrer plus chaleureuse. A voir, la balle était dans son camp maintenant...

Ile regarda ma fille et sourit avec son sourire tellement craquant. Au moins ça n'avait pas disparu ça. Il devait aussi être surpris. Quand il était parti en France je venais tout juste de me mettre en couple avec le père et on n'avait pas vraiment prévu que je tombe enceinte aussi vite. Mais entre temps il a quitté Lima, puis il est revenu, puis reparti et je compte plus vraiment sur lui pour s'occuper de la petite.

Kyliann : "Elle est tres jolie... Mais où est le pere?"

Je répondis un peu mal à l'aise par rapport à la situation pas très facile. Je savais qu'il voulait pas me rappeler que j'étais seule, d'ailleurs il le savait pas. Mais malgré tout ça me fait un boule au ventre de pas savoir où il est. Moi je l'aime encore et je pense que j'arriverai pas à oublier mon Steven.

Vicky : "Je sais pas, mais il est pas à Lima ça c'est sûr. Je pense pas que je le reverrais un jour."

J'en pouvais plus de cette tension. De ce fossé que j'avais moi même installé. On était là l'un en face de l'autre à se dire des banalités comme si on n'avait rien partagé dans le passé. Ça me bouffait et je voyais sur son visage que c'était pareil de son côté. Je reposais alors ma fille dans son cosy et couru pour le prendre dans mes bras. Des larmes commençait à emplir mes yeux. Trop d'émotions. Je voulais une deuxième chance, qu'il me revienne comme avant. En plus l'absence de Steven et le fait que Lucas était en couple, tout ça me pesait. J'avais besoin d'affection mais sans tout le côté compliqué et secret de la relation que j'avais avec Lucas. Je voulais une épaule sur laquelle m'appuyer.

Voilà maintenant il était au courant de la situation, bien sûr il ne connaissait pas tout dans les moindres détails mais on aurait tout le temps pour parler. Pour se dire tout, nos vies depuis son départ. J'avais autant de savoir ce qu'il avait fait à l'étranger que lui d'apprendre ce qu'il avait loupé à Lima pendant ce temps là. Je le connais trop bien pour ça, on dirait en voyant son air détaché mais c'est une petite fouine en fait.

Je lui avais pas laissé le temps de réagir, de répondre à ce qu'il venait d'apprendre. Je venais de me jetter littéralement dans ses bras. J'avais besoin de le sentir contre moi depuis tout le temps et avec tout ce que j'avais vécu, notamment avec lui. Il me serra quand même dans ses bras, et alors que je sanglotais doucement, je sentis sa main dans mon dos qui me caressait doucement. Tous les sentiments que j'avais gardé au fond de moi étant en train de refaire surface et il fallait que ça sorte. Je mis doucement ma tête dans son cou puis essayait mes larmes d'un revers de manche et entendis :

Kyliann : "Si tu savais comme tu m'as manqué Victoria... "

Je pense que j'arrêtais de bouger quelques secondes; je m'attendais pas à ça. J'étais en train de pleurer dans ses bras et il ne me demandait pas pourquoi, ni me rassurait mais il disait ça. Comme si tout ça allait s'arranger comme ça, ce sera pas si facile, même si c'est ce que je voulais. Je répondis d'une petite voix encore marquée par le fait que je venais de pleurer :

Vicky : "Kyliann, ça dire quoi pour toi ça ?..."

Je voulais mettre au clair les choses d'entrée, pas besoin d'autres embrouilles dans ma vie sentimentale, c'était déjà largement plus que le bordel. Je pense qu'il s'attendait pas cela mais après si longtemps tout ne peut pas aller comme sur des roulettes entre nous, surtout s'il me dit des trucs comme ça. Bien sûr j'aurais aimé que ce soit aussi simple mais la vie c'est pas comme ça.

La situation était un peu bizarre je dois l'avouer, j'étais dans ses bras et malgré le fait que j'aimais Steven encore, de moins en moins, et Lucas de plus en plus je me sentais bien avec lui. C'est comme si j'étais en train de me réconcilier avec mon passé et c'est exactement ce dont j'avais besoin en ce moment même. A défaut de contrôler et de réussir à gérer mon présent et notre futur (à Leïa et moi) je pourrais au moins me raccrocher à ça. Il enleva ses mains de mon corps, j'aurai préféré qu'il les laisse mais bon. Il s'expliqua par rapport au fait que je lui avais à priori énormément manqué.

Kyliann : "Euh... Pendant mon temps d'absence j'ai beaucoup pensé a toi. A nos moments d'avant. Ca me manquait... Mon retour ici est particulierement dut au fait que j'avais envie de te revoir. Je pensais souvent a toi et ca me permettait de rester en forme avant des defilés, avant des seances photos..."

Il me regardai dans les yeux et je savais qu'il était en train de me dire la vérité. Je l'imaginais en train de penser à moi avant de monter sur les podiums. Cela me réconfortait et me faisait peur à la fois. Il disait que cela lui permettait de rester en forme et ça voulait dire qu'il allait pas si bien que ça alors. Je m'en voulais presque de pas avoir été là vraiment pour lui, à ses côtés.

Kyliann : "Tu es ma meilleure amie Vicky... Ca fait mal de te sentir si loin c'est tout."

Alors voilà c'était ça, j'étais sa meilleure amie. Ça me paraissait presque bizarre qu'il me le dise alors qu'on ne s'était pas parlé depuis un an. Il n'avait pas arrêter de penser à moi pour autant. De mon côté ça avait été un peu différent mais j'étais très heureuse de le revoir quand même.

Vicky : "Kyliann, je suis désolé si ça a été dur pour toi. J'aurais du t'appeler au moins."

Trop de pensées, de questions, de réflexions passaient dans ma tête au même moment. Je voulais ne plus penser à rien. Je voulais que tout redevienne aussi facile qu'avant, avec la même proximité, sans cette gêne et ces gestes qui paraissent maintenant déplacé et surnaturels. Malheureusement je ne savais pas quoi ni quoi dire. Je n'avais pas la clé pour rétablir le lien qui nous avait uni si fort avant.