Il était onze heures, j'avais fini les cours et je me dirigeais vers la cantine. J'avais atrocement faim, alors je me suis dit qu'il fallait mieux aller attendre directement à coté de la cantine. Je me dirigeais donc vers le réfectoire, mais des pleurs ont retenu mon attention. Oui, c'est cela, j'entendais pleurer, qui pouvait bien sanglotter à cette heure ci et surtout pourquoi? Je me rapprochait donc de l'endroit d'où venaient les pleurs. J'arrivais dans les escaliers, j'aperçu une jeune femme avec le regard dans le vague et qui semblait totalement submergée par le stress. Cette jeune femme avait l'air perdue dans ses pensées à tel point que je me demandais si elle m'avait entendu approcher. Je ne voulais pas lui faire peur, alors j'ai décidé de m'approcher doucement. Elle pleurait, et honnêtement je détestais voir une fille pleurer, même si je ne connaissais pas vraiment cette jeune femme, je devais faire tout mon possible pour lui rendre son sourire. J'arrivais derrière elle, elle était assise sur une marche, alors pour ne pas l'effrayer, je lui mis délicatement la main sur l'épaule.

-Excuse moi si je te dérange, ou si je parais un peu trop brusque. Mais je t'ai entendu pleurer, et je me suis dit que tu avais peut-être besoin d'aide. Quel imbécile! Je te propose mon aide avant même de m'être présenté. Je m'appelle Ethan Harrison, je suis footballeur ici à Kennedy. Je suppose que tu dois aussi être de Kennedy.

En me rapprochant d'elle, je pus voir qu'elle tenait très fortement des papiers dans ses petites mains. A la manière dont elle les tenait, je compris directement que ces papiers étaient important et qu'ils devaient même avoir un rapport avec ses larmes. Oui, j'étais un footballeur mais je comprenais beaucoup de choses. Elle n'avait toujours pas sourit depuis mon arrivée, apparemment son problème avait l'air plus important que je le pensais.

-Toi, ça a vraiment pas l'air d'aller. Alors vas-y je t'écoute raconte tout à Ethan, je t'en prie. Oui, je sais ça peut paraitre bizarre qu'un inconnu te demande de vider ton sac comme ça alors qu'il ne te connais pas vraiment. Mais si je le fais pas, à qui vas-tu aller parler? Et puis je ne te connais pas encore donc je ne pourrais en rien te juger sur ce que tu vas me dire. J'ai l'air totalement dégénéré n'est-ce pas? Tu peux me le dire, ne t'inquiète pas. Des fois, je fais peur aux gens.

J'espérai vraiment qu'elle allait me parler, qu'elle allait m'avouer le pourquoi de ses larmes et que j'allais pouvoir l'aider, ou tout du moins arranger un maximum sa situation. J'espérai qu'elle ne m'aie pas pris pour un fou, vu la manière dont j'étais venu lui parler. Enfin d'un instant à l'autre, j'allais être fixé, soit elle allait me laisser entrer un minimum dans sa vie, soit elle allait me dire gentiment d'aller voir ailleurs. Espérons qu'elle choisisse la première solution.

Cette jeune fille avait l'air vraiment timide, elle avait l'air d'avoir du mal à aligner une phrase. Cela devait être du à la timidité, ou à la peine qui la submergeait. Je compatissais énormément pour elle et au fond la voir triste me faisait un pincement au coeur. Je ne pouvais pas encore la considérer comme mon amie, mais pour moi, c'était en bonne voie pour qu'elle le devienne. En m'entendant, elle avait fait comme un petit blocage. Je pense que c'est parce qu'elle ne s'attendait pas à ce que ce soit moi qui vienne lui parler, un inconnu qui vient vous voir quand ça va pas, ça court pas les rues. Elle avait sourit, j'avais réussi à la faire sourire, ouah, je m'étonnais tout seul. J'avais encore du dire une imbécilité mais bon le principal c'est qu'elle avait sourit. Elle avait commençait à balbutier une phrase pour m'expliquer sa situation et son problème mais apparemment, elle a eu du mal à aller jusqu'au bout. Elle m'a donc mis des papiers d'hopitaux sous le nez pour que je comprenne qu'elle était enceinte. Enceinte? Ouah, je ne m'attendais pas à ça. Mais pourquoi pleurait-elle, la naissance d'un bébé, la maternité, c'était sensé être quelque chose de super. Ah mais oui, suis-je bête, Rossae n'était pas majeure et elle devait surement avoir peur d'être la risée du lycée et qu'on la traite comme une fille facile. Mais je ne voulais pas que ça arrive, je ne voulais pas qu'on juge Rossae simplement parce qu'elle allait avoir un bébé. Ca arrive à des tas de gens bien, et je savais que Rossae était une fille très bien. Je le sentais, elle ne ressemblait pas à ces filles faciles qu'on pouvait voir partout en ville.

-Tu es... Tu es enceinte! Mais c'est génial. Enfin je crois! Honnetement, moi ça me parait trop cool! Un bébé, mais c'est magnifique, un petit bébé de toi. Ne pleure pas c'est juste extrêmement cool !

A ce moment là je compris que si elle pleurait, ça ne devait pas être si cool pour elle. Elle pleurait, elle allait pas bien, il devait forcément y avoir autre chose. j'étais stupide, je venais de sauter partout en criant que c'était génial sans même me rendre compte que j'avais l'air débile.

-Excuse moi! Je suis désolé d'avoir réagis comme ça. Ce qui te fais pleurer c'est les responsabilités? La peur de la grossesse? La peur de connaitre la réaction des autres? De connaitre celle de ton petit ami? Honnetement, ne te préoccupe pas des autres, la seule chose qui doit compter c'est toi et ton petit ami. Les autres on s'en contrefiche, il y en a qui seront content pour toi, et d'autre qui seront jaloux et même encore d'autre qui auront faire courir des rumeurs. Mais la seule chose qui compte vraiment c'est que toi, tu saches où tu en es. Et si tu vois que tu commences à te perdre ou que tu es perdu, je serai là. Oui je sais! On se parle depuis même pas une vingtaine de minute. Mais je crois que je t'apprécie déjà. Et tiens en parlant de ça, les mauvaises langues, j'en fais mon affaire, un bon slush et ça sera réglé.

Je venais de lui dire que je serai là, que je la défendrai même contre les mauvaises langues du lycée et leurs pensées. Rossae semblait être quelqu'un de formidable, je suis sur qu'elle ferait une excellente mère. Son copain avait vraiment de chance de l'avoir à ses cotés, j'espère qu'il en était conscient. Je regardais Rossae en souriant.

-Je t'avouerai que j'ai eu peur de t'aborder au début mais je crois que j'ai vraiment bien fait. Je crois qu'entre nous, c'est le début d'une belle histoire d'amitié. Du moins je l'espère.

J'avais vu juste, elle avait peur, elle avait peur de tous des responsabilités mais aussi du regard des autres. Elle se demandait ce qu'on allait penser d'elle et elle avait raison, les gens allaient la prendre pour une trainée. Mais ce n'était pas le cas, elle n'était pas comme ça, du moins je crois. Non, c'était impossible, elle avait l'air du fille tellement bien. Elle ne devait pas s'occuper des autres, ça allait la rendre malheureuse, et mes amis ne doivent pas être malheureux.

-Arretes de flipper! Je sais c'est facile à dire pour moi, mais ça te servira à rien. Je veux dire, tu vas t'imaginer des choses, qui en faites ne se passeront pas comme ça. Ta mère adoptive, si elle pense que t'es vierge, oui, elle risque de mal le prendre mais en même temps elle sera bien obligée de l'accepter et ne stresse pas pour tout ça, le stresse c'est pas bon pour le bébé.

J'étais là à lui dire ça. Mais je savais pas ce qu'on devait dire dans cette situation. Je savais que ça allait être dur pour elle, très dur même. Mais je pouvais pas lui dire "Oui tu vas souffrir, tout le monde va te prendre pour une trainée mais c'est pas grave, Ethan sera là". Non, je me devais de la rassurer, d'être avec elle. C'est ce qu'aurait fait n'importe quel ami. Et là, je me considérais comme son ami, après tout ce qu'elle venait de me dire. Alors voila, on en était là, deux amis, une qui avait un problème et l'autre qui devait faire son possible pour l'aider. Pour l'aider? Mais j'étais incapable de l'aider, un bébé, je savais même pas ce que c'était. Elle s'était remise à pleurer, encore, j'aimais pas la voir comme ça, dans cet état. Alors j'essayais de faire le mariole pour la réconforter.

-Tu savais que les dauphins, c'était des requins gays ?

J'espèrais que ma petite phrase allait la faire rire, oui, moi je la trouvais hilarante, mais elle, dans son état, elle n'allait peut etre pas la trouver si drole que ça. En tout cas, elle parlait vite, très vite. Elle venait de tout m'avouer en quelques secondes, elle n'avait pas respiré, elle m'avait tout dit comme ça, d'un seul trait. Ca m'avait surpris, je m'attendais à ce qu'elle soit douce mais là, elle était direct, très direct. J'adorais ça, je veux dire les filles directes. Je sentais que Rossae et moi, allions vraiment nous éclater en tant qu'ami, enfin, une fois que son problème serait réglé. Il fallait que je réfléchisse à ce que je pouvais faire. Moi je n'étais bon qu'à slusher, réfléchir, ça n'était pas vraiment mon activité favorite. Enfin bref, je devais l'aider.

-Si tu as besoin de quoi que ce soit, je suis là. Tiens prends mon numéro de téléphone, je te le donne avant de l'oublier. Comme ça, même si il est tard dans la nuit, tu pourras toujours m'appeler.

J'avais réussi. Ma blague l'avais fait rire, d'abord elle avait esquissé un sourire, puis elle s'était mis à exploser de rire. J'étais fier de lui avoir un peu remonté le moral, ou du moins de lui avoir changé les idées pendant un moment. Ca avait du lui faire du bien. Et ensuite, elle avait accepté mon numéro, enfin je veux dire, elle avait pris le papier où il était écrit. Etrangement, elle ne m'avait pas donné le sien, peut être qu'elle ne me considérait pas encore comme un proche. Elle avait rit à ma blague, mais ça ne voulait rien dire, elle ne me considérait peut-être que comme le clown de service. Et c'est pas vraiment ce que je voulais à vrai dire.

-Je suis content que ma blague t'aie plu. Dis donc, tu as un rire plutot, immanquable. Et je dis pas ça parce qu'il me plait pas, au contraire, me faire remarquer ne me dérange pas.

Je me mis à rire aussi. Son rire était contagieux, et voila que nous rigolions tous les deux comme deux fous. Puis d'un coup, elle s'arrête de rire et regarde droit devant elle. Elle regarde un mec que je crois connaitre. Puis elle m'annonce que c'est lui le père. Le père! Je ne savais pas comment il allait réagir de me voir comme ça, proche de sa petite amie. Rossae venait de m'avouer qu'elle avait un peu peur de sa réaction.

-C'est donc lui ton petit ami et le père de ton enfant? Pourquoi tu crains sa réaction? Je veux dire il ne va pas non plus mal réagir, si il voulait un enfant? Oui je sais que ça fait tôt mais tu seras fixée dans pas longtemps.

Pas longtemps? Oui en effet, c'était le moins qu'on puisse dire, car il arrivait, il s'avançait vers nous, il avait surement du nous entendre rire. J'appréhendais aussi ce qu'il allait dire. Mais dans un futur très proche nous allions être fixé. Je me contentais de rester le plus neutre possible.

• Salut…
  

J'étais toujours au même endroit avec Rossae, puis j'ai vu quelqu'un s'approcher de nous. Je l'ai reconnu, il joue au foot avec moi, il s'appelle Avery, il est plutot doué au foot, mais apparemment pas vraiment délicat avec les filles. Rossae avait peur de sa réaction et ça ne devait pas être simplement par hasard. Avery s'est approché de nous en nous voyant, et une fois arrivé, il nous a laché un "Salut...". Juste un salut, sans sourire, sans expression sans rien de communicatif, juste un salut froid. Il avait l'air plutot jaloux que sa copine soit avec moi, en train de discuter, mais je n'allais pas abandonner Ross' et la laisser lui annoncer la nouvelle. Non j'avais dit à Rossae que je resterai avec elle et ce que j'allais faire. Avery avait l'air jaloux, mais après son magnifique "Salut...", Rossae tenait mon bras, à vrai dire je ne sais pas pourquoi mais elle avait l'air plutot tendu, elle se pressa de ranger les papiers de l'hopital dans son livre. Par ce geste j'ai tout de suite compris qu'elle ne voulait pas l'avouer à Avery maintenant alors qu'il avait l'air plutot dérangé que je sois avec sa copine. La jalousie je connaissais, en effet, moi aussi j'étais jaloux, mais Avery devait comprendre que Rossae était pour moi une amie, et que je voulais simplement l'aider. Rossae finit elle aussi par lacher un "Salut...". J'avais l'impression qu'on allait pas vraiment avancer. Avery avait l'air contrarié et Rossae avait l'air décontenancé par le bonjour d'Avery. D'ailleurs moi non plus je n'avais pas compris, à sa place, j'aurai voulu poser des tas de question à ma copine, la serrer contre moi, l'embrasser. Mais non, lui il restait stoïque. Ca me paraissait étrange, mais bon, j'avais promis à Rossae de l'aider alors je devais briser la glace.

-Salut, moi, c'est Ethan Harrison, tu dois me connaitre, on joue dans la même équipe. Ton prénom à toi, c'est Avery n'est ce pas? Je ne savais pas que tu étais avec Rossae. Je suis content pour toi et pour elle.

Content? C'était pas vraiment le mot, Ross' était enceinte et Avery ne trouvait pas plus intelligent qu'agir comme un crétin. Il pouvait pas s'inquiéter, ou même faire semblant, plutot que de rester là? Au moins, il aurait pu rassurer Rossae, il ne se mettait pas à sa place, elle avait quasiment passé la nuit à l'hopital. Et il ne lui demandait même pas si elle allait bien. Je comprenais pourquoi Ross' avait rangé les papiers de l'hopital, Avery n'était pas encore prêt pour ce genre de révélation. Mais il fallait pourtant qu'il sache alors je devais aider Rossae à lui avouer, pas en lui disant mais au moins lui tendre une perche, si elle ne voulait pas lui dire, elle pourrait totalement rattraper ce que j'allais dire.

-Avery! Tu sais Rossae et moi parlions d'un truc important, c'est pour ça qu'on était ensemble. J'espère que ta matinée de cours s'est bien passé sinon?

Voila, je venais de tendre une perche à Rossae, soit elle la saisissait et elle avouait maintenant à Avery qu'elle était enceinte, même si on était quasiment au milieu du couloir. Ou alors elle changeait de sujet et préférait attendre, quoi qu'elle choisisse, je serai là. Je lui avais promis et je ne fais jamais de promesse en l'air.