Tout avait si bien commencé...

Assise sur le canapé de Jessica, je n'avais pas tardé à débarquer chez elle quand j'avais reçu son sms. Elle semblait dévastée au téléphone. Et à vrai dire, je n'étais pas dans un meilleur état que le sien...
Levant mes yeux vers elle, tandis qu'elle revenait avec des bouteilles de whisky, bière & autre, je lui demandais.

- Qu'est-ce qui se passe Jessica ?

Je savais très bien quand ma meilleure amie n'allait pas bien. Mais je n'arrivais pas à savoir si c'était à cause de Jules, du bébé, ou d'autre chose. D'ailleurs, elle ne devrait pas boire à cause de sa grossesse... Mais vu son état, je n'osais pas lui faire la remarque...

J'avais l'impression d'être aimée...

Ce qui était bien avec Justine, c'est qu'elle était une véritable amie. Et heureusement que je l'avais. Il y avait au moins une personne sur cette terre qui prendrait toujours soin de moi. Elle était là, seulement quelques minutes après lui avoir demandé de venir. Je retournais au salon avec tout mon alcool. Oui, j'étais enceinte mais à vrai dire, à ce moment précis, je n'en avais plus rien à faire.
« On a besoin d'une raison particulière pour boire? »
Bon, d'accord, je savais très bien que si il y avait bien une personne que je ne pouvais pas tromper, c'était elle. Elle avait le don de voir à des kilomètres que je n'allais pas bien. Mais c'était réciproque. Et donc, je savais que pour elle non plus, ce n'était pas la joie. Je posais tout ce que j'avais dans les mains sur la table et servit deux verres de wisky. Tout en servant le sien, je lâchais un petit soupire et fini par dire:
« Je suis plus avec Jules. Il a prit ses affaires et il est partit. »
Je reposa la bouteille et la regarda en lui tendant son verre. Certes, j'avais passé les derniers jours à pleurer et manger de la glace devant des films à l'eau de rose tellement vomitifs. Mais devant elle, je tentais de paraitre la plus normale possible. Je tentais.

Tout avait si bien commencé...

On a besoin d'une raison particulière pour boire ? Non, pas particulièrement, mais je savais que là, elle n'allait pas bien. Parce que à force, je commençais à la connaitre. Nous étions si différente, et pourtant, chacun connaissait l'autre par coeur. Je suis plus avec Jules. Il a prit ses affaires et il est partit. Elle me tendit un verre, que je pris. J'en bu la moitié cul sec. Parce que la révélation qu'elle venait de me faire m'avait surprise, et aussi parce que je voulais être le plus vite possible soûle pour pouvoir oublier, rien qu'une soirée, les évènements qui se passaient dans ma vie en ce moment.

- Il t'a laissé, il vous a laissé ? Comme ça ? Les mecs sont vraiment des connards...

J'imaginais Jules partir, la valise à la main. Je savais qu'il y avait probablement une raison à ce départ précipité. Mais rien ne pouvait excuser son comportement.

- Et moi je ne suis plus avec Noah...

Je bus l'autre moitié de mon verre...

J'avais l'impression d'être aimée...

J'eus un espèce de rire nerveux lorsque Justine prononça le "vous". Oui, il nous a laissé. Je me demandais encore comment il avait pu faire une chose pareille. J'étais censée être la femme de sa vie et on devait former une belle petite famille. Non mais je vous jure, qu'est-ce que je pouvais être conne. Je pris mon verre et le bu cul sec. D'un coup, d'un seul. Je fis une grimace. C'était mal passé. Et je savais bien que les culs secs ne me réussissaient pas. Mais je m'en fichais complétement. Je me reservais lorsque Justine me dit qu'elle n'était plus avec Noah. C'était la période apparemment.
« Bienvenue au club! Laisse moi deviner.. Toi aussi t'es trop bonne, trop conne? »
J'amenais mon verre à ma bouche et fronçais légèrement les sourcils en regardant Justine. Puis finalement, je le bu aussi vite que le premier.

Tout avait si bien commencé...

Jessica était encore plus forte que moi au jeu de la descente de verre. Même enceinte.
Bienvenue au club ! Laisse moi deviner... Toi aussi t'es trop bonne, trop conne ? Oui c'est ça. C'est exactement l'expression que je cherchais ! Trop bonne, trop conne... Pourtant, j'étais certaine que dans cette histoire, c'était nous qui souffrions le plus. Franchement, ça m'étonnerai que Jules ou Noah passent leur soirée à pleurer en mangeant de la glace, ou, pour ma part, du nutella, devant un film nul mais qui arrive quand même à vous faire déprimer encore plus.

- Tout à fait... J'ai cru que je pouvais lui faire confiance mais visiblement non.

Je soupirais et me resservais un verre que je vidais cul sec comme Jessica. A ce rythme là, nous allions finir la soirée plus tôt que prévu..

J'avais l'impression d'être aimée...

Plus j'enchainais les verres et plus j'avais l'impression que tout était éloigné. Même mon petit déj' de ce matin me paraissait à des années lumières de moi. Pourtant il avait eu lieu il y a seulement quelques heures. Je savait pertinemment que les culs secs ne me réussissait pas du tout. Et pourtant, je continuais à me les enfiler comme si je buvais de simples verres d'eau. J'étais assisse par terre, juste devant ma table basse et regardais Justine qui, elle, était dans le canapé. Je me disais que je serai peut-être mieux là dedans plutôt que là.
« Je te rejoindrais bien mais.. j'ai l'impression que t'es suuuuuuuuper loin! »
Je m'étais affalée comme une vache sur la table basse en disant ça. Puis je regardais Justine et lui souriais.
« Tu sais quoi? On a pas besoin de ces mecs! On est super sexy! Tous les mecs sont à nos pieds. Alors pourquoi on se fait du mal pour des abrutis hein? »
Ouais, en effet, l'alcool ne me réussissait pas. Déjà rien qu'à entendre la façon dont j'avais prononcé ces mots, on savait que j'étais morte. Morte oui. J'étais même pas passé par le stade bourrée avant.

Tout avait si bien commencé...

J'étais assise dans le canapé, enchaînant les verres. Je devais probablement me trouver avec plus d'alcool que de sang dans mes veines ! Je riais à la moindre remarque de Jessica comme si c'était la chose la plus amusante que quelqu'un m'ait jamais dis ! Je te rejoindrais bien mais.. j'ai l'impression que t'es suuuuuuuuper loin !

- J'ai l'impression que le canapé va m'aspirer !

C'était vraiment l'impression que j'avais ! Je me mis à rire tandis que Jessica était affalée sur la table basse. Tu sais quoi ? On a pas besoin de ces mecs ! On est super sexy ! Tous les mecs sont à nos pieds. Alors pourquoi on se fait du mal pour des abrutis hein ? Je me mis à rire ! Sexy, oui on l'était, c'était certains ! Elle plus que moi à mes yeux !
Je me levais alors difficilement, m'appuyant sur le canapé pour ne pas tomber. Je me tournais, tapais sur mes fesses et regardais Jessica.

- Ils savent pas ce qu'ils manquent !

Je me mis à rire puis à danser de façon sexy juste pour ma meilleure amie ! Une fois ma danse finit je me laissais retomber dans le canapé, vraiment morte de rire, et buvais mon verre cul sec. Puis, affichant un air très sérieux sur le visage, je poursuivais.

- Tu sais quoi, je crois que je vais devenir lesbienne. Après tout, je saurais jamais ce que je rate j'ai jamais couché avec un mec ! Et puis c'est sexy une fille.

A ce stade là, j'étais bien plus que soûle. Je ne maitrisais même plus mes gestes et mes paroles.

J'avais l'impression d'être aimée...

Je riais également. Le canapé, l'aspirer? C'était vraiment n'importe quoi. Mas ça me faisait vraiment rire. Je la kiffais à dire des petits trucs de ouf comme ça ma Juju. Puis elle se mit à danser juste pour moi. Je la regardais donc attentivement. Je ne décollais pas mon regard.
« T'es sexy baaabe! »
Je la regardais limite avec admiration. On aurait dit que je voulais la manger. Elle fini son verre et se laissa tomber sur le canapé. J'en profitais pour me reservir. Je reposais ensuite la bouteille mais gardais mes mains dessus tout de même, comme pour me soutenir.
« C'est ce que j'allais te dire justement! Je veux être lesbienne! Je trouve que deux filles, c'est mieux pour élever un bébé. Et puis une fille c'est douce. C'est pas une grosse brute comme peuvent l'être les garçons! Parce que même si ils ont l'air super gentils et inoffensifs, un jour tu te rends compte que non! Mais là, c'est trop ta.. Bref, les garçons me manqueront mais je préfère devenir lesbienne quand même. »
Je me serai jamais cru capable d'aligner tout ces mots dans mon état. Et je me serai jamais cru capable de tenir un tel discours dans un état normal. Je me rendis compte que je tenais toujours la bouteille dans mes mains. Je la lâcha et bu mon verre cul sec avant de prendre la table basse pour mon coussin.

Tout avait si bien commencé...

Je l'écoutais m'exposer les raisons pour lesquels elle aussi voulait devenir lesbienne. Enfin je la regardais et faisais mine d'acquiescer sans vraiment comprendre ce qu'elle disait. Passé les cinq mots je n'arrivais plus à suivre ! Je l'observais s'allonger presque entièrement sur la table. Je me servais à boire, et me donnais quelques secondes supplémentaires pour finir mon verre.

- Et bah tu sais quoi, on a qu'un devenir lesbienne ensemble, on fera rager Noah et Jules !

Je me mis à rire. Partie dans mon fou rire, je reculais ma tête et me cognais au mur derrière, ce qui me fis recracher tout ce que j'avais dans la bouche. Je me mis à rire de plus belle, tout en me frottant la tête.

- J'ai toujours su que ton mur avait quelque chose contre moi !

Je me retournais et lançais un regard noir au mur, avant de regarder de nouveau Jessica.

J'avais l'impression d'être aimée...

Devenir lesbienne avec la sexy Juju. Ça me semblait être une excellente idée. J'étais très songeuse à ce moment précis. J'imaginais ma vie futur avec mon enfant et.. Justine à la place de Jules. Je fronçais les sourcils. Il me manquait. Évidemment que j'avais besoin de lui. Je soupirais. Puis je levais les yeux et me mis à rire. Justine venait de se cogner la tête contre le mur. Qu'elle était douée! Puis je bu mon verre cul sec. Un verre de plus. Un verre de trop. Je farfouillais au fin fond de ma tête pour découvrir la raison de mon état. Enfin redécouvrir devrais-je plutôt dire. J'avais laissé Jules partir. Je le retenais tout le temps d'habitude et on finissait par se réconcilier. Alors que là, je l'avais laissé faire sans broncher un seul mot. Tout était de ma faute. Absolument tout était de ma faute..

Tout avait si bien commencé...

J'avais du mal à faire le vide dans ma tête. Tout un tas d'images et de pensées me venaient en même temps, certaines n'ayant aucun sens. Je regardais ma montre pour voir l'heure. Les aiguilles se dédoublaient, et je me retrouvais dans l'impossibilité de lire l'heure.

- J'ai envie de vomir.

Je souriais, aller savoir pourquoi. Je détestais vomir, ça faisait probablement parti de certaines de mes phobies. Je n'eus aucune réaction de Jessica, ce qui me fit m'interroger sur son état. J'arrivais encore à m'inquiéter pour quelqu'un alors que j'étais totalement soûle ! Je la regardais, et me redressais tant bien que mal sur le canapé.

- Jessica ? Ca va ?

Je la secouais doucement.

J'avais l'impression d'être aimée...

J'étais affalée sur la table basse. Je voyais très flou. Encore plus flou. Je réagissais à moitié. J'avais l'impression que je m'en avais même pas le temps. Moi aussi j'avais envie de vomir. Ça me ferait énormément de bien. On dit qu'on se sent tout de suite d'attaque après. Mais je savais bien que je n'y arriverai pas. De toute façon, je n'arrivais même pas à bouger de cette foutue table. Justine commençait à s’inquiéter. Je détestait ça. J'aimais vraiment pas qu'on s'inquiète pour moi. Allez savoir pourquoi.
« Oui.. »
Ou presque. Je voulais me relever mais n'y arrivait pas du temps. Tout me corps semblait peser une tonne! J'étais enceinte, certes, mais je n'étais pas énorme non plus. Et je respirai de plus en plus fort mais lentement à la fois. Ce qui n'était pas très agréable.

Tout avait si bien commencé...

Oui... Un oui prononcé tellement bas qu'il perdait toute sa crédibilité. Je regardais Jessica, tout en luttant pour ne pas rendre tout l'alcool que j'avais bu. Elle essayait de se lever, en vain. Je la voyais avoir de plus en plus de mal à respirer, comme si on était entrain de l'étouffer doucement. Comme si elle se débattait avec elle même pour pouvoir respirer. Je ne savais pas quoi faire. J'étais trop soûle pour réfléchir à la meilleure chose à faire, mais j'étais assez lucide pour voir que c'était grave. Je me laissais glisser par terre, et m'appuyais sur la table à côté de Jessica.

- Jess... T'es sur que ça va ? Ou.. j'appelle les sexys pompiers ?

Ouais, j'étais quand même bien atteinte... Mais Jessica n'allait pas bien, et il n'y avait pas seulement elle. Il y avait son bébé aussi. Et je ne voulais pas qu'il arrive quelque chose à l'un des deux, sinon j'allais me sentir responsable de ça jusqu'à la fin de mes jours.

J'avais l'impression d'être aimée...

J'avais les yeux fermés à présent. Et je respirais toujours de la même manière. Des tas de choses se bousculer dans ma tête. Je pensais à tout et à rien à la fois. Puis je me remémorais les grandes étapes de ma vie. Ma si belle vie. Pourquoi avait-elle basculée à ce point? Je me retrouvais sur une table basse, à deux doigts du coma éthylique et enceinte qui plus est.
« Je veux.. pas.. de sexy pompiers.. »
La seule chose que je voulais, c'était Jules. Et merde. Il devait vraiment y avoir quelque chose qui collait pas chez moi. Vraiment pas. En attendant, j'étais entrain de m'endormir avec je-ne-sais-combien de grammes d'alcool dans le sang. Puis je pensais au bébé. Ce petit bébé qui n'avait rien demandé à personne. Mais moi non plus, je n'avais rien demandé!

Tout avait si bien commencé...

Je veux... pas... de sexy pompiers... Elle était entrain de me filer entre les doigts, littéralement. Je n'étais pas vraiment très fraîche là, mais je me souvenais quand même des instructions qu'on nous avait fourni je ne sais plus quand à l'école, si un jour on avait affaire à un blessé ou un cas d'overdose, ne jamais laisser la personne s'endormir. Ça peut lui être fatal... Alors, je me mis à secouer Jessica pour la garder éveiller. Ma main tremblait tandis que j'essayais de faire le numéro des pompiers. J'y arrivais finalement au bout de plusieurs tentatives.

- Vous êtes bien en ligne avec la caserne de pompier de Lima. Que puis-je faire pour vous ?

Je me mis à bafouiller, à parler, trop vite, ou à chercher mes mots, trop longtemps. Je pense qu'ils avaient bien compris que j'étais soûle. Au bout de quelques secondes à tenter d'expliquer ce qu'il se passait, on m'interrompit en me disant qu'une équipe avait été envoyé à l'adresse que je leur avais donné. Je raccrochais alors, et secouais Jessica à nouveau.

- T'endors pas Jess... S'il te plait...

Ma voix était faible, parce que j'étais d'un coup très fatiguée. L'adrénaline qui coulait dans mon sang n'était pas suffisante. Je rédigeais alors un message, à l'intention de Jules. Jess va pas bine, on a trpo bu.. Je ne fis pas attention aux fautes de frappe, j'envoyais le message tel quel, en espérant pour que les pompiers arrivent rapidement....

J'avais l'impression d'être aimée...

« J'ai dis.. pas.. de sexy pompiers.. »
C'était trop tard, elle avait déjà raccroché. Ils étaient en route. Ils allaient me trimballer dans une ambulance puis les infirmiers vont défiler à tour de rôle en ce passant tous le mot "overdose" ou encore "enceinte". Ils allaient alors tous me juger un à un. Puis s'amuser à tous me faire la morale à mon réveil. C'était tout vu déjà. Pas de pompiers, pas de médecins, rien. Je voulais juste dormir. Mais.. c'est ce que je faisais. Je venais de m'endormir malgré le fait que Justine me secoue dans tous les sens. Propre Justine, elle va s'inquiéter pour moi. Ils vont tous s'inquiéter.. ou presque.

Tout avait si bien commencé...

Je me retrouvais bien conne entrain de secouer une fille qui s'était déjà endormie. Et qui allait probablement le rester un moment. Mais je continuais, comme si le fait de la stimuler allait l'empêcher de s'endormir pour de vrai. Pour de vrai... Pfff...
J'entendais la sirène, dehors. Sans savoir pourquoi, je continuais de rassurer Jessica.

- Ils arrivent, ils arrivent...

Je savais très bien qu'elle dormait. Peut-être était-ce plus pour me rassurer moi qu'elle. J'avais aussi envie de dormir à vrai dire. Mais je voulais être éveillée pour essayer d'expliquer quelques trucs sur Jessica aux pompiers.
Quand ils arrivèrent, tout se passa vite. Peut-être parce que j'avais pris l'habitude d'évoluer au ralentit ce soir, mais j'avais l'impression qu'ils faisaient tout beaucoup trop vite et ça me donnait le tournis. On mit Jessica sur un brancard, tandis qu'un pompier me tenait par le bras et m'aidait à me relever.

- Ne la jugez pas... Son petit copain vient de la plaquer... Elle est enceinte...

Ce fut tout ce que j'arrivais à dire avant de me mettre à vomir presque sur le pompier. Mais il devait avoir l'habitude à mon avis. J'allais mieux après avoir tout rendu. Je me débattais pour pouvoir aller dans l'ambulance avec Jessica. A force de supplications, on m'autorisa à monter.

A l'exemple de Jessica, je m'endormis sur le chemin de l'ambulance, ma main dans la sienne...

J'avais l'impression d'être aimée...